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sœurs saint-vincent de paul

la révolution, et jusque vers 1830, les maisons des sœurs Saint-Vincent-de-Paul étaient appelées, à Lyon, des Marmites, à cause du genre d’aumônes qui y était fréquemment usité.

En 1698, il y avait déjà quatre sœurs à la Marmite de Saint-Pierre-le-Vieux, dont deux faisaient la classe ; elles avaient remplacé les deux religieuses dont il est question dans l’acte de fondation. Le 30 mai 1698, on installa une cinquième sœur, dont l’institution fut fournie par les bénéfices de la pharmacie.

Mme Pichon parut, à un certain moment, vouloir révoquer sa fondation ; mais, en octobre 1698, elle déclara devant notaire confirmer ses premières dispositions et reconnut que les pauvres trouvaient dans cette œuvre le soulagement et l’assistance qu’on en pouvait attendre.

À la même époque, les Filles de la Charité furent appelées à l’hôpital de la Charité de Lyon. Elles devaient y remplacer les sœurs de la Providence, de Paris, reçues par acte du 22 décembre 1697, « après avoir fait preuve de leur utilité pendant neuf mois ». Malgré cet essai de neuf mois, sept mois après, le 22 juillet 1698, le recteur de l’hôpital de la Charité, signait à Paris, devant notaire, un traité avec la communauté des Filles de la Charité, pour leur entrée à l’hôpital. Le traité fut approuvé et ratifié par les administrateurs « pour être exécuté en sa forme et teneur pendant tout le temps qu’ils le jugeront à propos et utile à l’hôpital de la Charité ».

Ils ne le jugèrent pas longtemps satisfaisant, car, huit mois après, le 8 mars 1699, le bureau déclare que « Messieurs de Saint-Lazare et la supérieure des Filles de la Charité, établies à Paris, du nombre desquelles il en était venu douze dans cette maison, n’ayant pas agréé la ratification conditionnelle, faite par le bureau, du contenu qui avait été passé avec elles, et le bureau ayant d’ailleurs considéré qu’il ne convenait pas à cette maison de la faire servir par des personnes engagées à une communauté et qui se trouveraient soumises à deux autorités différentes, comme seraient les Filles de la Charité, qui, aux termes du contrat, dépendraient de leurs supérieur et supérieure et de messieurs les recteurs, tous ensemble ; que l’institution de ces Filles était même plutôt pour servir les pauvres malades que les valides ; pour ces raisons et plusieurs bonnes considérations, le bureau a résolu et délibéré de ne plus garder dans la maison les dites Filles de la Charité et de la faire servir par telle autre personne qu’il verra bon être » (Archives de la Charité, Inventaire sommaire, E, 47, 48). Un peu plus loin, l’Inventaire porte : « Payé par le trésorier 80 livres pour les appointements échus jusqu’au 26 mars 1699 des sœurs de la Charité qui avaient servi la maison, et 322 livres 4 sous pour quatre places à la diligence de Paris ou retournaient les dites religieuses. » L’inventaire a dit plus haut qu’il était venu douze sœurs, et ici il n’est question que de quatre places ; on ne voit pas pourquoi cette différence. M. Henri de Boissieu, racontant ce fait dans le Correspondant du 25 novembre 1902, ajoute : « Ces religieuses, dont l’éloge serait superflu, avaient malheureusement commis une légère faute, celle de ne pas tenir suffisamment compte du caractère lyonnais. Elles avaient le tort, impardonnable à Lyon, de s’appuyer sur leur supérieur général ou même sur l’archevêque, ce qui exaspérait les recteurs laïques si chatouilleux sur les chapitres de l’indépendance et de l’autorité. »