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saint-alban

avait organisé un véritable service paroissial. Tous les soirs, la cloche de Saint-Alban était mise en branle et les fidèles assemblés chantaient des hymnes. Les samedis, Crespé confessait, puis il donnait la communion et faisait « une infinité de choses qui ne peuvent être faites que par les seuls curés ou leurs vicaires » ; souvent il laissait le saint Sacrement exposé sur l’autel.

L’abbé Perrin, aumônier de la prison dite de Roanne à Lyon (1753-1844).

Le différend avait été porté devant le Chapitre et, une première fois, le 8 mars 1636, défense faite à Crespé « de confesser, communier, sonner la cloche et chanter des hymnes en ladite chapelle ». Il n’en avait guère tenu compte, et, le 8 novembre 1638, après l’avoir mandé et entendu, les chanoines prononçaient à nouveau (pi il lui était interdit de confesser et administrer les sacrements sans l’autorisation du curé. Il devait, en outre, remettre la clé pour qu’une seconde en fût faite à l’usage des custodes et de leurs vicaires. Comme sanction, le livreur de Saint-Jean eut ordre de ne lui délivrer ses distributions ordinaires que lorsqu’il aurait obéi.

Les Tourvéon conservèrent le tènement de Saint-Alban un peu plus d’un demi-siècle. Le 23 avril 1638, Jeanne Girard, veuve de Charles de Tourvéon, le vendit à Pierre de Sève, qui fît raser les bâtiments et édifier l’hôtel auquel il donna le nom de sa seigneurie de Fléchère.

Toutefois l’église fut conservée. Ce fut seulement le 24 décembre 1753 que le Chapitre donna à Étienne-Horace-Gabriel de Sève autorisation de la faire démolir.

Cette détermination n’avait été prise qu’en suite de l’étal des constructions et sur les conclusions d’un rapport dressé par les sieurs Rosset et Fauconnet, experts-architectes, rapport auquel ceux-ci avaient eu soin de joindre un devis des travaux nécessaires pour la conservation de la chapelle. Le 23 janvier 1754, Sève présenta au cardinal de Tencin, archevêque, une requête aux fins d’avoir de sa part la même autorisation de démolir ; à la suite, et en vertu d’un mandat en date du 28, François-Alexandre de Boffin de Pusigneux, vicaire général, dressa, le 10 du même mois, un procès-verbal constatant l’état d’extrême vétusté de l’église, puis, le 27 mars, l’archevêque rendit une ordonnance stipulant que le service religieux serait transféré à Sainte-Croix et que l’antique chapelle pourrait être détruite. Deux conditions y étaient mises : les vases sacrés, reliquaires et fondations devaient, sans aucune réserve, être transportés à Sainte-Croix ; en outre le cimetière devait être défoncé jusqu’à trois pieds de profondeur et les ossements exhumés déposés dans le cimetière paroissial.