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histoire des églises et chapelles de Lyon

en autorisait la démolition et l’aliénation du sol, sous les réserves d’usage ; le service religieux, notamment la fête de saint Romain, et les fondations seraient transférés à Saint-Pierre-le-Vieux, et les corps enterrés dans le cimetière seraient exhumés et déposés dans celui de la même église.

Le 6 septembre de la même année 1743, les curé, marguilliers, paroissiens et notables de Saint-Pierre-le-Vieux vendaient l’église Saint-Romain aux chanoines de Lyon, moyennant une pension annuelle de 100 livres ; un premier paiement eut lieu le 31 janvier 1744, et la démolition fut effectuée dans le courant de la même année. Le 24 décembre 1746, le secrétaire du Chapitre reçut l’ordre de faire placer un écriteau annonçant la mise en location du terrain sur lequel s’était élevé l’ancienne église, et, le 5 juin 1747, le Chapitre en ratifia la location au sieur Étienne Molin, moyennant un loyer annuel de 200 livres et pour une période de neuf années. Cette période écoulée, le terrain fut cédé à l’archevêque, qui l’utilisa pour l’agrandissement des prisons.

Dans quelles conditions le service religieux était-il exercé à Saint-Romain ? L’archidiacre du Chapitre en était, on l’a vu, curé primitif, patron et collateur ; il en conservait la jouissance, et rien ne pouvait se faire sans son autorisation. C’était lui naturellement, qui nommait le chapelain chargé du service divin. L’exercice de ce droit fait naître, au milieu du xve siècle, un bien joli épisode. Lors de l’assemblée capitulaire du 21 janvier 1443, Pierre Bullioud, procureur général du Chapitre, dépose une plainte, à la requête de Guillaume de Chavirey archidiacre, contre Jean du Bois, curé de Saint-Romain. Celui-ci a osé dire que, durant sa jeunesse, l’archidiacre avait été, et qu’il était encore, très malin, catissimus. Le crime, on le voit, était bénin ; mais le procureur général, c’est une tendance professionnelle, n’en jugeait point ainsi. Il n’aurait pas voulu, disait-il, pour 1.000 livres, avoir proféré une telle injure, et demandait en conséquence que le coupable fût privé à la fois de l’habit de l’église et de ses bénéfices. Le pauvre curé comparant répondit simplement qu’il avait tenu le propos en plaisantant, spatiando, et comme en une réminiscence du temps où il était le premier mentor de l’archidiacre. Sa peine fut naturellement proportionnée au délit, et le curé, renvoyé devant les juges du glaive spirituel, se vit assigner comme prison l’enceinte du cloître.

Le chapelain de Saint-Romain appartenait au clergé de la grande église. Il en recevait l’habit, lorsque sa nomination par l’archidiacre avait été confirmée par le Chapitre. Au chœur, il siégeait immédiatement après le panetier. Un privilège particulier l’autorisait à réciter Matines à voix basse dans son église, puis ensuite à entrer au grand chœur et à assister aux autres offices. Dans son service à Saint-Romain, il était secondé par un vicaire.

Une constatation curieuse, c’est que, contrairement à ce qui avait lieu ordinairement, presque toutes les libéralités faites au xiiie siècle en faveur de Saint-Romain allaient, non point à l’église, mais à son desservant. Nous avons déjà noté le don de Guillaume de La Palud pour l’établissement d’une cloche ; en juillet 1226. Martin de Viricelles légua 7 aunes de toile pour faire une aube et un amict. Ce sont les deux seuls legs attribués à l’église. Au contraire, la liste est longue des donations en faveur de son chapelain. Toutes ont la