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47 centimètres de hauteur sur 40 de largeur, représentant le Mystère de l’Annonciation. La Vierge agenouillée sous une tenture en forme de baldaquin drapé, écoute l’ange Gabriel qui se présente, tenant à la main une tige de lis. La peinture est encadrée dans un ovale qui porte la même légende que celle de la tapisserie : Confulonis Societas. Elle n’a aucune valeur artistique : la toile est collée sur un panneau de bois garni lui-même, comme entourage, d’une mince lame de fer de un centimètre de largeur, fixée sur le panneau avec de gros clous à tête plate. Cette disposition paraît indiquer que le tableau n’était pas destiné à rester à une place fixe, mais à être transporté. C’était peut-être un objet remis à chaque confrère lors de son entrée dans la confrérie, en souvenir de son agrégation.

Aucun des auteurs qui ont écrit sur la chapelle du Confalon n’a omis de parler du fameux Christ en croix attribué à Rubens, placé dans le sanctuaire. Les Statuts et Règlements mentionnent même un autre tableau de Rubens, une Descente de Croix placée vis-à-vis. Pour ce dernier, Clapasson et l’auteur de la notice sur Daniel Sarrabat se contentent de l’attribuer à un des élèves du chef de l’école flamande, Théodore de Thulben.

Quant au Christ crucifié, tous en parlent en des termes qui ne peuvent qu’exciter des regrets pour la perte d’une si belle œuvre. Le réalisme de cette peinture avait fait naître une légende. On racontait que le peintre, après avoir attaché le modèle à une croix, l’avait poignardé pour saisir, avec toute la vérité possible, l’état d’un crucifié qui rend le dernier soupir. C’eût été vraiment saisir l’expression de la mort sur le vif. Mais rien n’autorise à charger la mémoire de ce grand homme d’avoir voulu faire un chef-d’œuvre au prix d’un assassinat.

Le Christ du Confalon était-il vraiment de Rubens ? Lors de la formation du musée de Lyon, en 1804, le conservateur Artaud, dans la description des objets qui en faisaient partie, avait présenté, comme provenant de la chapelle du Confalon, un Christ crucifié qu’il niait être de Rubens et qu’il attribuait à son élève de Thulben. Il n’y a pas de doute que le Christ du musée n’était pas de Rubens, mais il est probable qu’il n’était pas non plus celui de la chapelle du Confalon. Celui-ci avait été détruit à l’époque de la Révolution. Guillon de Montléon racontant dans son livre, Lyon tel qu’il est et tel qu’il était, édition de 1797, le pillage de la chapelle du Confalon en 1793, rapporte que le Christ mourant, de Rubens, fut haché à coups de sabre. Cet auteur ayant eu à rappeler le fait dans une lettre adressée aux rédacteurs des Archives du Rhône, le 6 août 1827, l’affirma de nouveau à cette occasion, disant qu’il l’avait noté étant lui-même à Lyon, dès les premiers mois de 1795, un an après la dévastation de la chapelle du Confalon, et d’après le récit de témoins oculaires, alors que cet événement était encore présent à tous les esprits. Guillon de Montléon ajoute qu’il avait vu ce tableau maintes fois et recueilli à son sujet l’opinion d’artistes distingués, et que nul ne contestait alors l’attribution qui en était faite à Rubens.

Avant de disparaître, dans la tourmente révolutionnaire, la chapelle Notre-Dame du Confalon devait être le siège d’un épisode mémorable de l’histoire de la cité. En 1789, le couvent des Cordeliers fut choisi pour le lieu de réunion des trois ordres, convoqués pour la nomination de leurs députés aux États Généraux et la rédaction de leurs cahiers de