Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/499

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
475
saint-bonaventure

M. Gailleton, ou s’il fut oublié ; ce qui est plus sûr, c’est que M. Méchin le maria, peu de temps après, dans la chapelle Saint-Antoine de Padoue, et que son successeur l’enterra, au milieu du déploiement des pompes civiles et militaires, que réclamait le protocole, en faveur de l’ancien premier magistrat de la cité et du grand officier de la Légion d’honneur.

Après avoir tant combattu, même dans un triomphe un peu différent de celui qu’il avait rêvé et poursuivi, dont il se déclarait, néanmoins, par une modestie excessive, « très satisfait », M. le curé sentit le besoin de se reposer et le goût, de mettre un intervalle de réflexion, entre ses labeurs, leur jugement et leur récompense.

Il s’était aimablement engagé, au banquet de ses noces d’or sacerdotales, le 29 novembre 1897, devant S. E. le cardinal Coullié et les nombreux amis, accourus pour le féliciter, d’appliquer toute sa bonne volonté à remplir le programme, que lui traçaient leurs vœux et leurs louanges : mais l’exécution de la promesse ne dépendait pas entièrement de lui ; il comptait soixante-dix huit ans passés ; la vieillesse approchait, et, sans les courber trop, elle avait chargé ses épaules du poids pesant d’infirmités à ménager. Il exprima, au cours de l’été 1902, l’intention de céder la place et il passa la main à un des prêtres qu’il estimait le plus, des plus capables de remplir ses intentions et de continuer ses œuvres. Il demeura, deux ans encore, sous son toit fraternel, son commensal et son conseiller, et, le 17 octobre 1904, ce bon serviteur de Jésus-Christ et de l’Église s’éteignit, comme il le souhaitait, sans bruit et sans peur, à l’hôpital Saint-Joseph, implorant du Souverain arbitre de notre destinée, un peu de miséricorde, et de ses paroissiens, des prières qui ne lui manquèrent pas.

M. l’abbé P. Protière, dont l’arrivée fut saluée, dans les rangs du clergé et du monde laïc, par les plus chaleureuses espérances, se trouvait dans le plus vigoureux épanouissement de sa maturité, de son intelligence et de son zèle. Peu de témoignages pourraient être, à son endroit, plus complets et plus impartiaux que celui de l’ami de quarante ans, qui le loue, dans ces lignes, et qui constate, chaque jour, mieux que personne, quels souvenirs et quels regrets ineffaçables l’accompagnent dans la retraite et l’éloignement, où la maladie l’a confiné. Son passé, pourquoi reculer devant le mot ? son apprentissage du gouvernement paroissial l’avait admirablement préparé à la mission, que les circonstances publiques, les hommes, les lieux eux-mêmes, les traditions, lui traçaient, dès sa venue à Saint-Bonaventure. Pendant dix ans, sur le plateau de la Croix-Rousse, au Bon-Pasteur, il s’était dépensé, sans compter, auprès d’une population ouvrière, qui l’avait adopté comme son ambassadeur, auprès des fabricants et des employeurs ; son crédit était considérable : son obligeance le dépassait encore. Du reste, à Jarnioux, où il avait eu à bâtir une nouvelle église, à Notre-Dame-des-Marais de Villefranche, son unique vicariat, pendant huit ans, on n’avait eu qu’à se louer de son empressement à rendre service, de la bonne grâce dont il l’assaisonnait, et des succès dont ses efforts et ses démarches étaient couronnés. Son cœur pénétrant et sensible possédait la clé pour ouvrir tous les autres. Trop court, beaucoup trop court, a été son passage parmi nous ; cependant, parce qu’il s’y est pria tôt et qu’il a marché vite, son nom demeure attaché à une œuvre de première et d’absolue importance : la restauration extérieure de l’édifice et le prolongement de sa