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histoire des églises et chapelles de lyon

Il ne s’agit plus du simple échange d’un immeuble avec un autre immeuble, de superficie et de valeur équivalentes ; M. Méchin engage toute la plus grande partie du patrimoine de la fabrique, celui des œuvres paroissiales, le sien propre, sur la concession de l’usufruit perpétuel d’une maison, qu’il s’engage à bâtir, et dont les frais doivent dépasser un demi-million. Son plan et ses propositions comprenaient les dispositions suivantes : il cédait, d’un côté, avec le presbytère, deux maisons de la rue Champier et de la rue Saint-Bonaventure, dont la valeur d’achat représentait 180.000 francs, contre l’autorisation d’occuper tout l’îlot L, c’est-à-dire une superficie de 420 mètres carrés, par un édifice dont il aurait l’usufruit à perpétuité ; d’un autre côté, et ici la combinaison lui était, me semble-t-il, très favorable, il vendait une troisième maison, sa propriété, située angle de la rue Thomassin et du quai de l’Hôpital, 300.000 francs, à la ville, qui l’offrait à la Société de la rue Grôlée, comme compensation à l’abandon de l’îlot convoité. Le conseil municipal vota ce projet, le 26 avril 1892, sur un rapport de l’administration. M. Ferrand fui, un an, à envoyer sa réponse ; le 20 mars 1893, on apprit qu’il refusait absolument d’acquiescer à la combinaison. L’ingénieur de la voirie, M. Clavenod, en avertit M. Méchin et l’invite à une entrevue, pour débattre les bases d’un traité à recommencer. Voilà de nouveau l’excellent prêtre en campagne : il interroge les financiers, il consulte les entrepreneurs, il visite les avocats, il interpelle les journalistes ; rien ne le fatigue, rien ne le désarçonne ; il aborde M. Ferrand ; il emploie auprès de lui toutes les influences dont il dispose. On sent que ce vieillard a jeté toute son âme dans cette conception qu’il revendique tout entière. Elle est un peu, dans son cerveau, le songe de Perrette ; il entrevoit, sous son toit, ses vicaires, sa maîtrise, ses écoles, l’orphelinat, les religieuses ; il escompte le rendement des loyers, dont un seul, celui du rez-de-chaussée, lui est retenu d’avance, au prix de 25.000 francs ; il prévoit un téléphone souterrain entre les sacristies et ses appartements. Ilrefuse de comprendre qu’il n’est pas, sans quelque danger, de bâtir pour autrui, et on aurait perdu son temps, en cherchant à le persuader qu’à l’heure actuelle, en face des signes avant-coureurs de la séparation qui menaçait, la sagesse ne conseillait guère de sortir aussi publiquement du rôle des attributions de l’institution fabricienne. Le 8 octobre 1895, les conseillers municipaux repoussaient le projet de traité, qui leur était présenté en son nom : deux modifications cependant le différenciaient du précédent. La fabrique offrait 100.000 francs à l’administrateur délégué, M. Ferrand, en compensation de l’abandon de ses droits ; toutefois elle recevrait, de la ville, par mètre carré de construction, la même somme de 730 fr. qui était consentie à la compagnie par ses engagements particuliers.

Tout paraissait brisé sans espoir de raccommodements. Cependant, à moins de se résoudre à employer la violence et à expulser, par la gendarmerie, comme des malfaiteurs, les habitants du presbytère, il fallut bien consentir à les loger. On tomba d’accord par nécessité et l’entente se produisit, enfin, sur la concession par la municipalité, qui les prenait à bail de la société, dont elle était un peu la prisonnière, de trois étages du n° 4 de la rue Grôlée. L’opposition levée, le décret de désaffectation fut rendu par le Président de la République, le 4 mars 1898. Le déménagement s’opéra, et, le 14 février 1899, on pendit la crémaillère ; je n’ose pas approfondir, si, dans les toasts échangés, on porta la santé de