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saint-bonaventure

Société du quartier Grôlée, l’invitant à traiter à l’amiable de l’expropriation du presbytère. Il eût été au moins aussi imprudent qu’irrégulier d’accepter cette façon de procéder : ni le curé, ni les fabriciens n’avaient mandat de traiter pour un immeuble, dont la nue propriété appartenait à un tiers. C’est à l’Hôtel de Ville et à la Préfecture du Rhône que M. Méchin porta ses doléances et qu’il réclama des éclaircissements sur la situation qui lui serait faite. D’un côté, comme de l’autre, on ne se pressa pas de répondre ; un peu piqué par ce silence, M. Méchin pense que des pourparlers directs aboutiront plus vile, mais, nulle part, il ne rencontre ce qu’il cherchait, une décision précise ; on lui prêche, dans les termes les plus conciliants, un renoncement, auquel il n’est pas du tout préparé. Il convoque le Conseil de Fabrique, le 9 décembre, il lui donne lecture d’un mémoire fort serré, où il démontre qu’il est impossible, sous peine de violer le contrat de 1826, de chasser le clergé concordataire de sa demeure, sans lui en fournir une autre ; il demande à ses auditeurs d’en approuver la conclusion et de déclarer qu’ils s’opposeront par tous les moyens amiables, administratifs et judiciaires, à la prise de possession du presbytère. La pièce, avec ses considérants, est signée à l’unanimité, et, sur-le-champ, envoyée par le secrétaire à M. Gailleton. Comme pour les précédentes, il n’y eut pas même un accusé de réception. Le statu quo se prolongeait et les parieurs, dans la galerie, s’engageaient sur son issue. Vainement, dans les commencements, on avait usé de discrétion ; l’affaire s’était ébruitée, la chronique mondaine en bavardait ; les journaux en traitaient ; personne, dans aucun camp, de gauche ou de droite, catholique ou franc-maçon, n’était indifférent à ce duel, très conforme aux lois ecclésiastiques, nullement en marge de celles de l’honneur, entre M. Gailleton et M. Méchin, deux hommes qui s’estimaient au fond, qui finirent par s’arranger, à leur satisfaction réciproque, et se pardonnèrent mutuellement de n’avoir pas abaissé leur lame, dès la première passe.

Un appui sérieux survint à M. Méchin d’un côté, où peut-être, il l’espérait médiocrement. Prévenu par le maire que l’on irait simplement au jury d’expropriation, pour le règlement de l’indemnité, M. le Préfet en référa au ministre de l’Intérieur, lui proposant son opinion qu’un décret de désaffectation était nécessaire, avant de poursuivre l’abandon définitif de la cure. Le ministre partagea cet avis, conformément à l’ordonnance de 1825, et les fabriciens, officiellement informés de la décision, déclarèrent, dans leur séance du 25 juillet 1891, qu’ils obligeront la ville à fournir un nouveau presbytère et qu’ils ne se présenteront, sous aucun prétexte, devant les jurés, chargés de régler les indemnités.

C’est alors que M. le curé intervient plus directement et qu’il sort de son portefeuille un traité, qui lui a coûté, je suppose, plus d’une nuit sans sommeil, où il a mis, avec toute l’ardeur de son désir du bien et de la conciliation, la fougue d’une imagination qu’on ne lui connaissait pas et l’emballement d’un rêve, d’autant plus cher, qu’il a été plus longtemps caressé. Pendant quatre années entières, il n’est pas de démarches, pas d’efforts qui le lassent pour réussir ; il lutte partout, au sein du Conseil de Fabrique, devant la commission du contentieux des jurisconsultes catholiques, devant la municipalité, auprès de l’opinion ; il se montre sensible aux approbations qu’il reçoit ; il n’est jamais embarrassé, pour réfuter les objections qu’on lui oppose.