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saint-bonaventure

point encore laissé tomber sur vos épaules son manteau, certes nous n’aurons pas longtemps à le demander à saint Antoine de Padoue. » En jetant ces fleurs, l’orateur n’écarta pas une allusion sur les épines, dont il était blessé. « L’autel que vous avez consacré, ajouta-t-il, demeure comme le témoignage de votre bonté, mais aussi le gage de votre protection et de nos espérances. Ah ! Monseigneur, s’il vous plaisait un jour de réaliser ces espérances, de donner enfin à notre pauvre et chère paroisse, qui se meurt dans ses trop étroites limites, la bénédiction que les Patriarches donnaient à leur postérité : « Crescas in millibus, » ce jour-là, pour peu que vous ayez écarté les limites, sans limites, sans borne, sera notre reconnaissance. »

Parmi les dons, qui permirent de conduire à sa perfection une entreprise aussi coûteuse, outre l’apport de l’Archiconfrérie, de beaucoup le principal, nous devons rappeler celui de M. l’abbé Vignon, vicaire de la paroisse, aujourd’hui curé du Saint-Sacrement, qui fut de 10.000 francs ; M. et Mme Gustave Merle, M. Louis Grandjanny, d’autres anonymes unirent leur générosité aux précédentes.

Une plaque de marbre, placée sur le mur de droite de l’autel, porte une inscription commémorative de cette solennité, des bienfaits qui la préparèrent, du prélat qui la présida, du prêtre, aussi humble que méritant, qui fut l’âme de son organisation et l’ouvrier de son succès.

altare hoc
sancto josepho
confraternitatis patrono
fratre sororesque S. S. P.
R. R. P. H. Coullié arch. lug.
dicvit et sacravit
curam dedit J. B. Méchin canon. et parochus
leone xiii, deo Providente,
regnante

XIXbis anno Domini MDCCCXCIII

Cependant, quels que soient les rangs dans la hiérarchie céleste, quelles que soient les sérieuses exigences des dévotions bien réglées, aux Cordeliers, dans l’église conventuelle ou paroissiale, toute renommée pâlit devant le crédit de saint Antoine ; son intercession éclipse toutes les autres ; n’est-il pas le plus puissant et le plus accessible des faiseurs de miracles ? On l’implore pour toute espèce de besoins ; on lui confie des désirs ou des chagrins qu’on n’oserait pas murmurer au plus familier de ses amis. Sa chapelle est un pèlerinage perpétuel, des milliers de cierges y brûlent, en son honneur, et au moins autant de recommandations sont adressées à sa compatissante bonté. Cela dure probablement, depuis que la chapelle existe, c’est-à-dire depuis l’année 1388, qu’elle fut bâtie, à la place même que nous la voyons aujourd’hui. Rien des signes attestent ce concours dans les âges passés ; nous n’en mentionnerons qu’un seul, l’établissement d’une confrérie, par un bref d’Alexandre VI et par une ordonnance de Mgr Camille de Neuville, en 1663. Le clergé sécu-