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histoire des églises et chapelles de lyon

M. Pater ne vécut pas jusqu’à l’achèvement de ces travaux : en six jours, une fluxion de poitrine, qui, dès les premiers symptômes, ne permit aucun espoir, l’enleva à la vénération de ses paroissiens et aux entreprises d’un zèle, qui entrevoyait encore de futures améliorations. Frappé dans la soirée du mardi 6 décembre, il ne consentit à s’aliter que le lendemain, et il expira dans la nuit du lundi au mardi suivant, entouré de ses vicaires, pleurant le père qu’ils perdaient, et fortifié par la sainte communion qu’il avait demandée, quelques instants auparavant, au coup de minuit. Et lorsque, pour ses funérailles, sa dépouille entra dans l’église et passa sous l’échafaudage du chantier, que les ouvriers avaient abandonné, pour suivre son convoi, un des assistants eut raison de dire que, de tous les arcs de triomphe qu’on aurait pu dresser à ce mort, si vivement regretté, aucun ne lui eût été plus agréable, aucun n’eût mieux figuré son action et ses labeurs.

L’administration de M. l’abbé Marion, nommé à la cure vacante, le 10 janvier 1860, installé, le 19 février, par M. Pagnon, vicaire général, s’imposa d’abord de continuer et de mener à terme ce que la précédente laissait inachevé, ou simplement en projet ; on vit ensuite son titulaire s’inspirer de ses idées personnelles et tenter, à son tour, de ne pas demeurer en arrière de ses devanciers, en tenant, sous le boisseau, les inflammables, dispositions des hommes de bonne volonté.

Lorsque l’abbé Pater avait été surpris par la mort, trois choses préoccupaient son esprit, regardées comme d’une urgence prochaine : la restauration des Fonts-Baptismaux ; l’acquisition d’une maison, sise rue Champier n° 6, élevée en 1805 par Rousset, charpentier, sur les sacristies et sur un arceau du cloître ; le remaniement de fond en comble et l’agrandissement de la chapelle de la Sainte Vierge, dont les embellissements, quoique fort coûteux et de date récente, ne le satisfaisaient pas. Afin de couper court d’avance à une objection quelconque, contre ce dernier désir, il eut la précaution d’abandonner à la Fabrique une somme fort rondelette, tout son avoir, grevé d’une faible rente viagère, mais avec la condition expresse de l’emploi qu’il spécifiait. Son frère, M. Antoine Pater et son neveu, l’abbé Pater, alors vicaire de Saint-Pothin, depuis recteur de Notre-Dame de Fourvière et chanoine honoraire, furent chargés, en dehors des formalités légales, de la transmission de ce legs. Avec une conscience et une ponctualité, qui les honorent l’un et l’autre, ils déposèrent, entre les mains du trésorier de la Fabrique, soit en titres de rente, en obligations et en billets à ordre, un capital qui dépassait 36.000 francs. L’accord sur l’acceptation d’un tel cadeau ne souffrit aucun retard et son emploi ne fut sujet qu’aux lenteurs à peu près inévitables. Dès le 4 juillet 1862, les conventions étaient signées avec le statuaire Robert, l’auteur de la chapelle du Sacré-Cœur, et l’autel avec son retable étaient livrés et inaugurés, le 2 octobre 1864. Ce jour-là, solennité patronale de Notre-Dame et de la Confrérie du Rosaire, M. l’abbé Marion prononça une allocution des plus éloquentes. Il jouissait du reste d’un remarquable talent de parole : partout où l’avaient porté les ordres de ses supérieurs, à Oullins, à Roanne, à Saint-Chamond, il avait charmé les délicats, ému les simples ; il se composa bientôt, à Saint-Bonaventure, le plus sympathique des auditoires, et chacun se plaisait d’avouer que ses sermons, ses verveuses improvisations surtout, étaient encore au-dessus de la réputation qui les