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saint-bonaventure

empiétements, tout autant injustifiables que nuisibles, c’était l’investissement de l’abside par des maisons particulières.

D’un côté, la sacristie et le vestiaire avaient été absorbés dans le rez-de-chaussée d’un immeuble à trois étages, adossé au clocher, et de l’autre, l’escalier extérieur de ce même clocher avait été enfermé dans la cour d’une autre construction ; tout accès en devenait impossible et, du même coup, deux fenêtres du sanctuaire étaient condamnées. La propriétaire, une certaine Mme Devars, femme divorcée de M. Antoine Toscan, fut irréductible ; armée d’une déclaration du Conseil de préfecture, qui avait prononcé en sa faveur, elle soutint, comme un droit, par des procédés, dont le caprice gâtait la correction, la plus arbitraire et la plus déraisonnable des usurpations.

M. Pascal, premier curé de Saint-Bonaventure.

L’argent, me semble-t-il, est le nerf de la bâtisse comme de la guerre ; malheureusement la caisse paroissiale en était totalement dépourvue : elle accusait une épargne de trois cents et quelques francs, lorsque le devis, dressé par M. Gay, architecte de la ville, se chiffrait par un total de 90.000. Il eût été hors de propos de provoquer une souscription des paroissiens ; la plupart souffraient d’un chômage persistant, qui les jetait dans une gêne croissante ; à la mairie, on se dérobait, en affectant une pénurie plus grande encore ; les fabriciens tentèrent une démarche à l’archevêché, afin d’obtenir un appui auprès du gouvernement. Mais le cardinal Fesch, qui arrivait de Rome et se rendait précipitamment à Paris, rappelé de son ambassade et pour sa promotion à la coadjutorerie de Ratisbonne, absorbé par les affaires générales du diocèse, remit au lendemain de les entendre ; le lendemain, premier juin, était un dimanche et toute la matinée fut prise par une ordination. Lorsqu’ils se présentèrent, le lundi, on leur dit que le prélat était subitement parti dans la nuit. Cependant un avertissement de M. le chanoine Groboz, probablement transmis par ordre supérieur, les pressait de hâter une possession réelle, par l’exercice du culte public, autrement des atermoiements exposaient à une reprise plus ou moins déguisée. Malgré l’imprévu d’un tel début et l’incertitude d’un avenir plus troublant encore, M. Pascal, pas plus que les hommes dévoués qu’il s’était attachés, ne songèrent à lâcher la partie. Leur énergie se dépensait à contrebalancer leur impuissance. Ils le répétaient à Mgr Fesch, au plus fort de leurs appréhensions, et on ne lira pas, sans les admirer un peu et les plaindre, un extrait de la lettre, que M. le Curé adressa au prélat, le 3 octobre.