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saint-bonaventure

qu’ils paraphèrent. Les revenus annuels, d’après ces mémoires, montaient à 23.178 livres, dont la grosse part, 19.931 livres, était fournie par les loyers des maisons et des échoppes ; les dettes actives formaient un total de 4.141 livres et les dettes passives étaient toute comprises, dans les gages des divers domestiques, de l’organiste, du sonneur et du suisse, depuis le 1er janvier précédent ; les religieux reconnaissaient encore être propriétaires de deux vignobles, l’un situé à Millery, de 130 hommées, l’autre, à Vernaison, en mesurant 160.

Calice et crucifix dits de Saint-Bonaventure.

Les commissaires les interrogèrent sur leur résolution de continuer la vie commune, ou de rentrer dans le monde, et de reprendre leur liberté. Quelle que fut alors leur réponse, ils envoyèrent, un peu plus tard, au bureau de la municipalité, une déclaration individuelle de leur intention ; ces déclarations n’ont pas été détruites et, d’après elles, on voit que sur dix-sept Pères, quinze demandèrent à quitter leur état, et trois frères lais sur trois. La plupart se retirèrent en leur particulier, avec la jouissance d’une pension de 700 livres, qu’ils ne touchèrent qu’après avoir prêté le serment constitutionnel. L’essai de réunir, sous un même toit, les membres des différents ordres et congrégations, qui en avaient manifesté le désir, n’aboutit pas ; on proposa divers établissements, les Grands-Capucins, les Picpus de la Guillotière, les Récollets de Saint-Galmier ; rien ne s’organisa. La dislocation fut à peu près définitive, fin janvier 1791 ; on lit, sur une feuille de papier, aux archives, qu’à cette date, on se distribua l’argent, resté en caisse, et que les parts furent de 90 livres par tête. Le 9 mai 1791, Antoine Margaron, mandataire du directoire du district, dressa l’inventaire du mobilier, des chambres, de la sacristie, jusqu’à celui des greniers et posa, à peu près, sur toutes les serrures, le cachet rouge du scellé ; il entra dans la bibliothèque, dont le catalogue avait été déposé au greffe et n’en décrivit que les tables et les placards grillés. Il transporta lui-même les ornements sacrés au dépôt central, dans la salle des Pas-Perdus de l’archevêché, et l’argenterie au secrétariat du district ; ce dernier lot comprenait le buste de saint Bonaventure, son calice et son crucifix ; un reliquaire de saint Clair, un de sainte Agathe ; une croix processionnelle ; un vase pour les saintes huiles ; deux paix ; six calices, dont un sans patène, parce qu’elle avait été volée quelques semaines auparavant ; trois ciboires, deux ostensoirs, deux encensoirs avec leur navette, deux burettes et un bougeoir.

L’église toutefois ne fut pas encore fermée ; le Père Mollière sollicita l’autorisation d’y célébrer la messe ; il reçut, le 10 mai, l’avis officiel d’y continuer le culte ; le 16, on lui assura que les frais en seraient supportés par le district ; le commissaire eut l’ordre de laisser à son usage les objets indispensables aux offices. Ce régime dura juste trois mois ; M, Jolyclerc, ancien chanoine de Saint-Paul, curé intrus de Saint-Nizier, le frère de l’ex-