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mourir d’inanition, si le reliquaire ne leur était pas restitué. Le P. Gayète résista aux plus horribles tourments de la faim et de la soif, et fut muet ; désespérant de le vaincre, on décréta de le conduire à la prison de Roanne, mais, avant d’y arriver, sur le pont de Pierre, des soudards fanatiques se ruèrent sur lui, le percèrent de cinq coups de hallebarde et le lancèrent dans la Saône.

L’édit de pacification ramena les Cordeliers, chez eux, et ils reprirent leur vie de prière et d’apostolat. Si dure que soit l’épreuve qu’ils avaient subie, si incertain l’avenir, dont Calvin menaçait Rome, la communauté se reconstitua ; une liste, conservée aux archives départementales du Rhône, accuse, en 1576, trente-six religieux prêtres, un novice et sept frères lais.

La fin du siècle fut plus calme que son milieu et, après avoir été édifiés de voir Henri III, sous la cagoule blanche des pénitents du Confalon, nos ancêtres, chauds ligueurs, pourtant, se réjouirent d’apprendre qu’Henri IV avait pardonné à Biron, après un entretien, dans le cloître franciscain. Le bon béarnais, afin que le souvenir de cette clémence persistât plus agréablement dans le lieu, qui la lui avait inspirée, lit cadeau d’un millier d’écus à ses hôtes, en leur disant adieu. L’aubaine tombait à pic. Les moines réparaient leur chœur ; leur supérieur, le R. P. Roux-Murgat, de Vienne, embellissait l’autel, élargissait les fenêtres, remplaçait et augmentait les stalles, rêvait d’un lutrin gigantesque de marbre et de bronze. Grâce au bienfait royal, il solda la dépense et s’empressa d’éterniser la mémoire du bienfaiteur. L’inscription qu’il composa et qu’on grava, au-dessus du centime de la porte, qui menait de l’intérieur de l’église à la sacristie, n’a pas été effacée, aussi bien, du reste, que l’invocation, par laquelle il tint à consacrer son œuvre, et que nous rendrons ici à son véritable sens :

Ore tuo, christe, benedictus sit chorus iste ;
Sit pax intranti ; benedictio cuique precanti.

La renommée de Saint-Bonaventure lui venait principalement de ses chapelles et des confréries, dont chacune d’entre elles était le siège. On comptait, en outre de l’autel majeur, trente des unes, dix-huit indépendantes dans les bas-côtés, et douze, adossées aux piliers, à l’intérieur de la grande nef ; les autres dépassaient la quarantaine. Une partie de la vie religieuse populaire se liait à ces associations de petites gens, la plupart du temps, groupées par métier, d’autrefois simplement par la cohabitation dans le quartier, ou par affinité mystique. Le tableau des mœurs de ces âges de foi serait incomplet, si l’on écartait d’un coup de plume trop rapide ces sentiments et ces habitudes, qui soulageaient l’âme des fatigues du corps et des privations de l’isolement. Rien, dans ces unions fraternelles, ne semble plus indifférent ou superflu, quand on devine les faisons de l’élection du patron, le symbolisme du pain bénit, distribué le jour de sa fête, l’orgueil et la sécurité que l’on tire de l’assurance d’avoir sa tombe, sous la dalle, où si souvent l’on s’est agenouillé. Aussi, malgré que l’énumération en soit un peu longue, nous nommerons, avec une fidélité assez rigoureuse, chacune des dévotes institutions de ce passé, dont nous sommes si loin. L’ordre topographique, en cette occasion, nous paraît le plus commode de tous ; nous proposons