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vagabonds, malades qui arrivaient du dehors et auraient pu apporter la contagion en ville. On y plaçait aussi, en temps de peste, comme dans un lazaret, les contaminés. La vue, que nous donnons, de Saint-Laurent au xvie siècle, dispense, en partie, d’une longue description.

BLIE ET SAINT-BENOÎT

Aux couvents de religieuses Bénédictines déjà décrits, les Chazeaux et la Déserte, il faut en joindre deux autres qui seraient oubliés, si le nom de place Saint-Benoît ne rappelait le souvenir du second.

Blie est une modeste commune du département de l’Ain dont le couvent eut son heure de célébrité. Au xviie siècle la prieure écrivit au cardinal de Richelieu, archevêque de Lyon, que ses religieuses « étaient exposées en des périls imminents et en de grands dangers de leurs personnes et de leurs consciences, par les gens de guerre ennemis de la France, qui font des courses dans les provinces de Bresse et Bugey, y exerçant toutes les violences, ravages, insolences et cruautés qu’ils peuvent ».

Le digne archevêque répondit qu’il favoriserait l’établissement des religieuses de Blie dans la ville de Lyon, à condition que le Chapitre de Saint-Paul abandonnerait toute supériorité à leur égard. Les chanoines de Saint-Paul « louèrent le zèle de ladite dame prieure et pour le faciliter, ont quitté, remis et cédé audit seigneur archevêque de Lyon, toute supériorité qu’ils avaient sur le prieuré de Blie ».

« Les religieuses, dit M. l’abbé Vachet, habitèrent d’abord dans le quartier Saint-Georges ; mais bientôt le petit couvent s’installa à l’un des côtés de la place Louis-le-Grand, à Bellecour, non loin de la Charité, « vers les allées de Tillots » comme s’exprime Chappuzeaux. Sur le plan de Siraucourt, on voit très nettement l’emplacement du couvent de Blie : il est sur la rue du Peyrat, sur cette masse de terrain circonscrite par les rues Saint-Joseph, de la Sphère et Boissac, et pour parler un langage plus moderne, le couvent de Blie devait se trouver là où l’on a ouvert la rue Victor-Hugo. » Ce prieuré fut supprimé en 1751.

L’origine de Saint-Benoît est relativement récente, Gabrielle Dugué, religieuse professe de l’abbaye Saint-Pierre, et sa sœur, Marie Dugué, aussi religieuse de ce couvent, sortirent de Saint-Pierre, et avec la permission des supérieurs, se retirèrent au monastère de Blie. Peu après, dit M. l’abbé Vachet, elles allèrent d’abord à la montée Saint-Barthélémy, demander asile au monastère des Ursulines ; puis elles habitèrent quelque temps la maison de Bel-Air, vis-à-vis de l’abbaye de Chazeaux, « et comme il est de la discipline religieuse de vivre dans un couvent de leur ordre pour observer la règle sous laquelle elles se sont soumises, après s’être longtemps consultées, elles firent dessein de fonder en cette ville un prieuré sous le vocable de saint Benoît ». Elles achetèrent, en 1658, une propriété con-