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ceux des communiants. Nous avons en effet retrouvé une feuille volante, perdue dans les cartons des Archives, indiquant la quantité d’hosties, qui furent distribuées à diverses périodes, entre 1753 et 1757, et, comme on le verra, elles s’élèvent à un joli total. Du 13 août 1755, par exemple, au 3 janvier 1756, il fut consommé 3.950 grandes hosties et 16.500 petites ; du 17 janvier au 8 mai 1756, 3.400 grandes et 11.500 petites ; du 18 mai au 18 octobre de la même année, 4.250 grandes et 17.000 petites ; du 28 octobre 1756 au 9 août 1757, 4.600 grandes 15.000 petites. De sorte que, dans un espace de vingt mois, on célébra 15.800 messes à Fourvière, et on donna 60.000 communions. Cependant la Révolution approchait, qui changea ce concours en un désert, et suspendit, durant quinze ans, une des habitudes les plus chères de la vie lyonnaise.

Les décrets de l’Assemblée Constituante eurent à Fourvière les effets les plus désastreux ; ils entraînèrent la dissolution de la collégiale, la suppression de la paroisse, la vente des édifices. Lorsque le chapitre fut contraint de se disperser, il était au grand complet : pas une des stalles n’était vide. En consignant ici les noms des dix occupants, nous écrivons la dernière page d’une institution, qui finit avec eux, après avoir duré juste sept cents ans, à partir de la charte de Jean de Bellesme en 1192.

Maximilien Jean-Baptiste Carrier, licencié en l’un et l’autre droit, exerce les fonctions curiales ; il a pris possession de son titre, le 18 octobre 1787, succédant immédiatement à son grand-oncle, portant les mêmes nom et prénoms, qui lui avait résigné son bénéfice et dont nous avons vu l’installation en 1737.

Jean-Louis Carrier, frère de celui-ci et oncle de celui-là, élève jadis du collège de Lisieux, à Paris, aumônier du cardinal de Tencin, a été élu le 4 novembre 1743 ; depuis le 9 mars 1745, il a obtenu la chantrerie qui est la seconde dignité de la compagnie.

François Dacier, né à Luriecq, en Forez, auparavant vicaire de la paroisse, date sa possession du 6 septembre 1753 ; Antoine Durand, du 4 février 1755 ; Jean-Joseph Boyer de la Garde, procureur-syndic, du 9 juillet 1758 ; Paul Pautrier, dont le père a été prévôt des marchands, un ami des livres qui a son nom dans l’Armorial des bibliophiles, du 16 juillet 1771 ; Jean-Baptiste Perrodon, du 19 mai 1773.

Antoine Ramoux, du quartier Saint-Clair, avait eu la succession de Joseph Bourgoin, le 17 janvier 1782 ; Gaspard Renaud, vicaire d’Ainay, celle de Rieussec, abbé de Belnoue, vicaire général de Luçon, une des futures victimes de l’expédition de Quiberon.

Le dixième canonicat était échu, depuis quelques mois seulement, à André Charpin, vicaire de Saint-Just, qui prêta le serment, le rétracta et fut nommé, après le Concordat, aumônier en chef de l’Hôtel-Dieu, où le souvenir de sa bonté et de sa sagesse ne s’éteignit pas avec lui.

La démission de son canonicat par l’ex-curé, Maximilien Carrier, que Charpin remplaçait, avait été signée, par devant notaire, le 16 novembre 1789, en pleine discussion des lois spoliatrices, si bien qu’après cinquante-deux ans de travaux, de dépenses et de quêtes, ce vieillard nonagénaire avait perdu son droit d’être inscrit sur le tableau des pensions ; il aurait même été expulsé de la maison, qu’il avait élevée avec son propre patrimoine, si un de ses parents J.-B. Perreyve, négociant de la rue des Trois-Carreaux, ne l’avait achetée