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la providence

En 1711 seulement fut fondée à Lyon la première providence. Le procès-verbal d’érection, conservé aux archives départementales, indique que plusieurs suppliques furent adressées en même temps à Mgr l’archevêque, au consulat, enfin au roi, pour autoriser, chacun en ce qui le concernait, la nouvelle œuvre. Les dames directrices appartenaient à la meilleure société ; elles se nommaient Jeanne Durand, épouse de François Hugues de Siry, chevalier baron de Couche, Marie Pianello de La Valette, Marie Ressort et Jeanne Galliat.

Dans leur supplique à l’archevêque de Lyon, elles s’expriment ainsi : « Elles ont vu depuis longtemps avec douleur une infinité de jeunes filles pauvres et sans secours, se perdre dès l’âge de dix à douze ans, faute d’éducation ; leurs parents n’en ayant pas reçu ne peuvent leur en donner. Quelques enfants ont leur père sans mère, ou leur mère sans père. Ceux-ci n’ayant pas de quoi les nourrir, ne pouvant les faire recevoir à l’hôpital ni à la Charité, et ne sachant pas les occuper, les obligent à mendier, ce qui les expose à tomber dans les derniers désordres ; parfois les parents les y portent par leurs exemples et sollicitations, d’où il est très difficile de les tirer lorsqu’elles ont eu le malheur d’y tomber, quelque soin qu’on prenne de les former. Il suit de là des maux infinis, qui intéressent également la religion et l’état, même les deux hôpitaux de cette ville qui sont obligés de recevoir et d’élever les enfants qui naissent de ces mauvais commerces. »

Mgr Mioland, missionnaire diocésain, ensuite évêque d’Amiens puis archevêque de Toulouse.

Les personnes charitables ci-dessus nommées voulant donc prévenir ces désordres, commencèrent par recueillir plusieurs de ces jeunes filles qui paraissaient le plus en danger de se perdre, et les retirèrent dans une maison appelée la Providence, où elles étaient nourries et élevées sous la conduite d’une sage maîtresse « qui les instruisait dans la piété et les bonnes mœurs, leur enseignait à travailler habilement en couture, tapisserie, tricot, mesme aux exercices du ménage et autres ouvrages convenables à leur estat. Il y en avait trente ou quarante qu’on gardait jusques à l’âge de dix-huit à vingt ans ou ayant de la maturité pour lors et reçu de bons principes, elles étaient en état de se soutenir et être de bonnes ouvrières et de sages servantes » .

L’autorisation de Claude de Saint-Georges, archevêque de Lyon, est datée du 15 juin