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pénitents de la miséricorde

reuse Vierge sous les vocable et protection du bienheureux Jean-Baptiste ». Il avait manqué jusque-là plusieurs choses à la canonicité de l’établissement : les règles n’étaient pas assez nettes pour qu’où pût les observer en commun. La suite de ce texte précieux montre qu’on vint enfin à bout de cette difficulté ; c’est pourquoi nous le citons à défaut des statuts primitifs qui ont été perdus, mais qu’ils reproduisent sans doute du moins quant à la substance. On ne possède pas la réponse que fit le pape Urbain VIII à la supplique : on sait toutefois par une délibération plus récente de la compagnie qu’elle fut très favorable et que Sa Sainteté accorda aux pénitents les privilèges et indulgences demandés, avec des encouragements paternels. Voici la suite du document en question : « Pour cet effet, nous avons fait bâtir et construire une chapelle avec une grande cave et tombeau pour les corps des suppliciés et nous avons reçu quelques confrères, lesquels se sont obligés aux choses suivantes pour leurs règles de réception : 1" donner l’aumône de pain et vin deux fois la semaine à tous les pauvres prisonniers en quelque nombre qu’ils soient, savoir, le lundi et jeudi ; ce qu’ils ont fait et font encore ponctuellement ; ils ont fourni des paillasses et chemises aux plus nécessiteux et retiré plusieurs de ceux qui étaient détenus en prison pour dettes en les rachetant et payant pour eux. De plus, ils se sont obligés par leurs règles d’assister les criminels qui sont condamnés à la mort, depuis la prononciation de l’arrêt jusqu’à ce qu’ils soient morts, y ayant toujours deux d’iceux avec le patient pour le consoler en Dieu et assister spirituellement ; tous les autres confrères venant avec le crucifix en procession et accompagnant le condamné depuis la prison jusqu’au lieu du supplice, chantant et priant pour lui. Après l’exécution, le condamné est par eux pris et emporté solennellement avec lumière, disant les suffrages et prières accoutumées pour les trépassés, jusque dans la chapelle où il est conservé, après quoi est chanté l’office des trépassés ; le lendemain la messe est célébrée dans la dite chapelle, puis plusieurs grandes messes aux autels privilégiés des églises de Lyon. En outre, les confrères sont obligés de se rassembler les lundis de chaque semaine dans leur chapelle pour réciter l’office des morts et entendre la sainte messe pour le remède des âmes tant des confrères que des suppliciés, comme aussi tous les quatrièmes dimanches du mois et fêtes solennelles de l’année, avec autres exercices et actes de piété et charité qui se doivent par eux exercer comme on peut voir par les règles et ordonnances de la dite confrérie. » À la suite, on a noté en quatorze articles le détail des indulgences sollicitées par les confrères.

Mgr de Richelieu, cardinal archevêque de Lyon, qui se trouvait alors à Rome, s’empressa, le 2 mars 1636, de satisfaire le juste désir des confrères : « Nous déclarons, dit-il, que nous avons institué et érigé une confrérie sous le vocable de la décollation de Saint-Jean-Baptiste, dans la chapelle ou oratoire que César Laure, seigneur de Crussol, a déjà fait construire par notre permission, et ce à l’exemple de celle qui est établie dans la ville de Rome, qui sera soumise en tout à notre autorité, correction, visite et juridiction. Nous permettons à tous ceux qui s’associeront dans la suite à la confrérie, de faire les mêmes offices et fonctions, d’exercer la même charité que celle qui est exercée et pratiquée par la confrérie érigée en la ville de Rome. Nous consentons aussi qu’ils se règlent