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de Sainte-Croix, Thévenet, sacristain de Saint-Nizier, etc. Le prélat ne différa pas d’acquiescer à cette juste requête dont la conclusion discrète était « qu’une congrégation se formât qui servît de refuge et d’hospice aux prêtres âgés et infirmes ».

L’acceptation du Consulat était nécessaire au succès de ce bon dessein. Elle ne tarda pas à arriver, sous la seule condition « que la nouvelle congrégation ne serait point à charge à la ville ». Au reste, ces messieurs promettaient même un emplacement convenable. En 1736, quelques prêtres du diocèse, heureux de se mettre en vie commune, écrivirent à l’archevêque une supplique, pour qu’il leur permît de se retirer, en attendant mieux, dans une maison louée à la Croix-Rousse. Ils demandaient un supérieur spirituel et un procureur temporel. Ils souhaitaient particulièrement que leur communauté, — séminaire ou congrégation — fût érigée sous le vocable de Saint-Pothin. Mgr de Rochebonne répondit par une autorisation solennelle, qu’on peut considérer comme le vrai fondement de l’œuvre tant désirée. C’était le 14 janvier 1737. Les lettres patentes royales suivirent de près, 24 juin, l’acte épiscopal. Puis il y eut délibération, approbation du chapitre Saint-Jean, chaleureuse adhésion de l’assemblée du clergé de la ville, enquête, enfin, arrêt d’enregistrement à la Cour des comptes, le 10 septembre 1737 « autorisant de doter le dit séminaire, tant par réunion des bénéfices jusqu’à la somme de 5.000 livres de revenu annuel, tant par l’assignation de pensions sur les bénéfices, autres toutefois que des cures, et permettant à l’archevêque d’imposer jusqu’à la somme de 5.000 livres son clergé.

Peu de temps après le séminaire Saint-Pothin quitta la maison de louage de la Croix-Rousse pour un domaine acheté, dans ce même quartier, aux héritiers de François Bonnardet, Claudine Jourdan, sa veuve, et André Bonnardet, son fils. Ce domaine, appelé Garenza et champ de Saint-Paul, longeait la rue actuelle Saint-Pothin. Il est occupé aujourd’hui par les religieuses cloîtrées Sainte-Élisabeth, qui s’y établirent en 1831. Il mesurait trente-deux bicherées — plus de 4 hectares, — contenant bâtiment pour maître et valet, écurie, ânière, cave, cour, puits, jardin et vigne. Entrèrent en possession du nouveau logis, Jacques Dolmières, chanoine de Saint-Nizier, grand vicaire, supérieur du séminaire Saint-Pothin, Jean Coquard, Jacques Girard, J.-B. Nicolai et Jean Paurel ; ils versèrent 2.500 livres sur-le-champ et pour l’acquit des 20.000 autres livres constituant diverses rentes. Mais encore, n’était-ce pas tout que d’avoir le logis ; il fallait vivre. On lança dans le diocèse un pressant appel qui ne fut pas sans succès. Il vint d’abondantes ressources qui s’accrurent de quelques fondations, de 1738 à 1743. Restait toutefois l’imposition annuelle de 5.000 livres qui pesait sur tout le diocèse. Ce fut, sans doute, pour supprimer cette sorte de servitude, que le successeur de l’archevêque Rochebonne, Mgr de Tencin, conçut le dessein de transférer le séminaire Saint-Pothin à l’Ile-Barbe, dont il avait dissous le chapitre en unissant au chapitre primatial d’abord la manse abbatiale (1743), puis la maison capitulaire (1748) de cette ancienne communauté. Pour former un bien stable au nouvel établissement, il voulut y joindre le prieuré Sainte-Marie-de-Denicé ; mais il n’obtint pas que la cession en fût faite avant le décès du titulaire, qui se fit attendre jusqu’en 1774. Le cardinal de Tencin étant décédé le 2 mars 1708, le