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les merveilleuses grâces qui firent naître et se développer, contre toute prévision humaine, la Société de Marie. Tout en renouvelant Cerdon par un zèle simple mais soutenu, ils recueillaient et mettaient en pratique les inspirations que le ciel leur donnait sur leur magnifique projet, ils faisaient des démarches d’essai et posaient des jalons. Ils risquèrent un coup d’audace, le 23 janvier 1822, en écrivant au pape Pie VII qui leur répondit par un bref encourageant. Cependant le diocèse de Belley était rétabli et avait un évêque à tous égards remarquable, Mgr Dévie. L’abbé Jean-Claude, vicaire de Cerdon, reçut permission du docte évêque de s’adjoindre un ou deux compagnons : il fit choix de M. Déclas, curé de Saint-Julien-sur-Veyle, et de M. Jallon, curé d’Izenave.

Chapelle des Maristes, à Puylata.

En 1825, les quatre premiers Maristes étaient réunis. Où se rendraient-ils pour la veillée d’armes ? Mgr Devie les attira dans son petit séminaire de Belley, où sa protection ne les sauva pas, quatre années durant, de la raillerie. Que venaient taire dans une maison déjà pauvre et embarrassée ces quatre réformateurs sans talent ni science ? « Nous étions là, disait plus tard le Père Colin, quatre bonshommes de prêtres qui n’étions pas de fameux prêtres ; pour un peu, on nous aurait craché dessus, et l’on aurait eu bien raison. Ce furent quatre bonnes années et qui, je crois, valaient un noviciat. » Le fondateur se peint, dans ces quelques mots, avec sa simplicité, sa vaillance et son humeur généreuse. Pendant l’été de 1828, l’abbé Humbert se joignit au groupe des précurseurs qui se partagèrent, dans la plus parfaite obscurité et la meilleure espérance, les missions de Curzieux, de Bons, de Saint-Champ et de Ruffieu. « Ça marche, ça se remue », écrivait le P. Colin. Tel était l’accord intime des cinq religieux, encore sans règle précise, qu’on peut dire qu’ils incarnaient celle règle même avant qu’elle eût été écrite, et dans une parfaite unanimité. L’ex-curé de Cerdon et les abbés Déclas, Jallon et Humbert donnaient déjà le nom de père à Jean-Claude Colin, et le tenaient pour leur supérieur, malgré qu’il ne cessât de leur lancer à la face — ce sont ces propres mots — « sa jeunesse et son indignité ». Sur quoi, avec les meilleures intentions du monde, Mgr Devie mit soudain le pied sur la mèche, non pas fumante mais à peine allumée, en nommant Jean-Claude Colin supérieur