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Mgr de Frayijsinous en personne, tentèrent en vain de pacifier les Dames de la Paix. La duchesse retenue à Paris, absorbée par ses deuils renouvelés, par les occupations croissantes dont son rang remplissait son existence, ne pouvait, selon sa propre expression, suivre que d’un œil ses filles de Nazareth. Pourtant, quand elle eut peu à peu écarté d’elle tous ces honneurs, quand son mari se fut retiré de la vie politique et eut ressenti les premières atteintes du mal qui devait l’emporter, elle vint plus assidûment à Montmirail et la paix rentra bientôt à sa suite à Montléan, les dissentiments se fondirent, les caractères les plus éloignés se rapprochèrent ; enfin à la mort du duc, survenue en 1841, Mme de Doudeauville se donna presque exclusivement à Nazareth. Au père Roger qui avait sur la fin ressaisi son prestige et était mort en 1839, avait succédé le père Varin, un autre grand directeur d’âmes. Bref, la vénérable duchesse n’entendait plus que des paroles de joie et d’espérance autour de son fauteuil assiégé par ses petit-fils et petites-filles ; et il lui fut montré par des signes très nets que son œuvre vivrait et s’augmenterait. Mme Élisabeth Rollat, personne de caractère et de douceur, avait en quelque sorte fondé de nouveau la communauté en 1822, et la gouverna jusqu’à sa mort en 1842. Quant à Mme de Doudeauville, elle s’éteignit le 24 janvier 1849. Mieux que l’une des sœurs de Mme de Montesquieu, elle méritait cette épitaphe : » Qui l’emporta de sa grandeur, ou de sa beauté, ou de sa bonté ? » Ce qui l’emporta surtout cela en elle, ce fut Dieu et le désir du bien.

L’institut des religieuses de Nazareth a pour but l’instruction et l’éducation des jeunes filles par l’établissement de pensionnats, demi-pensionnats ou externats. À ce but principal de son zèle, la société ajoute les œuvres de pauvres comme écoles, patronages, catéchismes et aussi les missions en Orient.

Depuis l’époque déjà lointaine dont il a été question, la congrégation a largement prospéré ; en 1900, avant les brutales expulsions, elle comptait 300 sujets environ, dont 200 au rang de religieuses de chœur et 100 à celui de sœurs converses et auxiliaires. Il existait douze résidences qu’il importe d’énumérer : 1° à Oullins près de Lyon, maison mère, noviciat, pensionnat de 120 élèves, 2° à Montmirail (Marne), pensionnat de 30 élèves ; 3° à Boulogne-sur-Mer, pensionnat et demi-pensionnat de 100 élèves ; 4° à Reims, pensionnat et demi-pensionnat de 70 élèves ; 5° à Lyon, externat de 60 élèves ; 6° à Taling, près Londres, pensionnat de 35 élèves ; 7° à Rome, quartier des Prati di Castello, 60 élèves pensionnaires ou demi-pensionnaires ; 8° à Beyrouth (Syrie), pensionnat de 100 élèves et école de pauvres de 350 enfants ; 9° à Nazareth, Caïffa, Saint-Jean d’Acre, Cheffa-Amer (Galilée), maisons de mission comprenant des écoles fréquentées par 350 enfants, des dispensaires où viennent chaque jour 200 malades de toutes les religions et auxquels les remèdes sont donnés gratuitement, des congrégations séculières de mères et de jeunes filles chrétiennes, de chacune 150 membres ; enfin en préparation un pensionnat à Rouen.

Aujourd’hui la maison mère d’Oullins a été transportée en Suisse et l’externat de Lyon, situé quai des Brotteaux, vaste et belle construction toute récente, a été — ironie des choses — loué pour une école communale.