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rentrés en possession de leurs biens. Ce fut pour en faire un noble usage ; le duc devint comme le conseiller des œuvres charitables. Tour à tour, directeur du comité de l’enseignement primaire de la Seine, directeur général des postes, administrateur des sourds-muets, ministre d’État et membre du conseil privé, ministre enfin de la maison du roi et pair de France, il donna les plus beaux exemples de dévoûment aux pauvres, aux malades, aux enfants délaissés. La duchesse cependant s’effaçait, voulant que tout l’honneur du nom brillât sur le chef de famille et se réservant les souffrances intimes. Dieu d’ailleurs ne la ménagea pas : elle perdit prématurément sa fille Pauline, Mme de Rastignac, puis sa belle-fille, fille unique du vertueux duc Mathieu de Montmorency, son gendre, M. de Rastignac, son fils Sosthène et quelques-uns de ses petits-enfants, sa sœur. Mme de Montesquiou, ex-gouvernante du roi de Rome ; auparavant sa belle-sœur, Mme de Dustal, était morte sur l’échafaud avec dix Larochefoucauld. « Le bon Dieu m’oublie en cette vallée de larmes », disait-elle : il ne l’oubliait pas, il prolongeait ses jours pour une œuvre où se montreraient toutes ses qualités.

Ancien couvent de Nazareth à Lyon.

M. et Mme de Doudeauville avaient une prédilection marquée pour le séjour du château paternel de Montmirail : c’était là que Paul de Gondi avait reçu les leçons de saint Vincent de Paul. Bien des années en deçà du temps où nous voici, la duchesse avait contribué pour une large part aux œuvres confiées, à Montléan, faubourg de Montmirail, aux mains expertes des filles de la Charité, et l’idée lui était venue de se faire un domaine propre parmi ces renaissances chrétiennes que Napoléon tolérait et parfois même favorisait. Non loin de l’église remplie de grands souvenirs, elle acheta une modique habitation, et y réunit quelques religieuses de congrégations diverses que la Révolution avait dispersées. La communauté prit le nom de Dames de la Paix. Le célèbre abbé Legris-Duval, confident, directeur et commensal des Larochefoucauld-Doudeauville, en fut le premier supérieur et lui donna de courts principes de conduite fort sages, en attendant les règles particulières dont le temps déciderait. C’était en 1806. À la mort de l’abbé Legris-Duval, en 1819, il y avait des tiraillements, chaque religieuse voulant faire prédominer son ancienne règle. Le père Roger, Jésuite, directeur ferme, doux et habile,