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dans la communauté naissante. Le 1er novembre 1805, elle convoqua à Paris les supérieures locales et leur soumit son projet, dont voici les principaux points. Le but de l’institut est de glorifier le Sacré-Cœur, de travailler au salut et à la perfection de ses membres, enfin à la sanctification du prochain par l’éducation et l’instruction des enfants ; la communauté comprend les sœurs de chœur et les coadjutrices, toutes liées par les trois vœux de religion.

Le 13 décembre 1805, la fondatrice prenait possession, à Grenoble, d’un ancien couvent de Visitandines, et y installait le noviciat. Le règlement avait prévu que lorsque la communauté aurait plusieurs maisons, on devrait procéder à l’élection d’une supérieure générale. Le 18 janvier 1806, la nomination eut lieu à Amiens, et la mère liarat fut acclamée supérieure générale des dames du Sacré-Cœur. Ce fut un motif de plus pour elle de se jeter dans les bras de la Providence, lui demander assistance et lumière, et solliciter de Dieu les vertus de douceur et de fermeté nécessaires à ceux qui sont appelés à diriger. Le Sacré-Cœur de Poitiers naquit de cet acte d’abandon et de foi. L’ancien couvent des Feuillants avait été racheté après la Révolution par Mme Chobelet pour s’y dévouer à l’éducation de la jeunesse ; n’y réussissant pas, cette personne et ses compagnes se donnèrent à Mme Barat ; celle-ci y installa un noviciat, qui ne tarda pas à recevoir des postulantes venues des pays environnants.

C’est à Poitiers que la digne supérieure apprit une nouvelle qui l’affligea profondément : Napoléon venait de supprimer la congrégation des Pères de la Foi, anciens Jésuites, sous prétexte d’attaches royalistes ; le P. Varin, qui en faisait partie, dut se rendre à Besançon, son diocèse d’origine. Cette épreuve n’empêcha pas l’essor de l’institut du Sacré-Cœur, puisque, peu de temps après, Mme Barat fonda la maison de Niort, sur les instances des vicaires généraux de Poitiers.

Toutefois un institut appelé à s’étendre au loin avait besoin d’un supérieur ecclésiastique pour le préserver de l’ingérence parfois abusive des évêques, en attendant l’approbation définitive des règles par Rome. Mme Barat pria Mgr Alexandre de Talleyrand-Périgord, archevêque de Reims, de prendre le titre de supérieur général, ce qu’il accepta volontiers. De plus le conseil, réuni à l’occasion de l’examen des constitutions provisoires, nomma les assistantes et les conseillères générales. Toutes les maisons de l’institut acceptèrent les règles nouvelles et il n’y eut désormais plus qu’un cœur et qu’une âme ; aussi à partir de ce moment, une ère nouvelle commença-t-elle pour la société qui couvrit de ses fondations les cinq parties du monde.

Au conseil général, on avait résolu, pour obtenir plus d’unité de direction, de n’avoir qu’un noviciat qui fut placé à Paris. Le 17 janvier 1817, Mgr Dubourg, évêque de la Nouvelle-Orléans, étant venu voir Mme Barat, la décida à fonder une maison dans son diocèse : Mme Duchesne, une des premières compagnes de la supérieure, fut chargée de conduire en Amérique la petite colonie du Sacré-Cœur. Le départ des sœurs n arrêta pas le cours des fondations en France. Après Chambéry, Lyon eut la bonne fortune de recevoir un essaim des dames du Sacré-Cœur ; il se fixa à la Ferrandière, paroisse de Villeurbanne, presqu’aux portes de Lyon. Le pensionnat qu’on y installa ouvrit ses portes au printemps