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mément aux vues providentielles qui ne cessaient de veiller à son accroissement et à sa perfection. La nouvelle communauté s’appela congrégation de Marie-Joseph. Elle jouit bientôt de la faveur marquée du gouvernement qui tint à honneur de lui confier nombre de maisons centrales, et notamment celle de Clairvaux. Ces heureux résultats étaient dus sans conteste à la vaillante mère Saint-Augustin dont le courage et l’intelligence étaient à la hauteur de toutes les tâches et de toutes les situations. Aussi ne s’étonne-t-on pas de voir les fondations s’ajouter aux fondations, et aux difficultés inhérentes à toute œuvre accomplie par des forces humaines se substituer les applaudissements et les succès qui dénotent aux yeux de tout esprit éclairé l’intervention de Dieu. La profonde humilité de la mère fondatrice ne l’a pas défendue contre la reconnaissance officielle de ses mérites et il n’est pas téméraire d’espérer que, de son tombeau, exempt de corruption, s’élèvera un jour la palme de la sainteté. La congrégation de Marie-Joseph, fondée à Lyon en 1805, eut sa maison mère transportée, en 1841, au Dorat, diocèse de Limoges. Elle possède quatre établissements dans le diocèse de Lyon : 1° la prison Saint-Joseph de Lyon ; 2° celle de Saint-Étienne ; 3° celle de Montbrison, et 4° une providence dans cette dernière ville. Les constitutions de la congrégation ont été approuvées en 1863.

RELIGIEUSES DU SACRÉ-CŒUR

Pour retracer l’histoire delà congrégation du Sacré-Cœur, il faudrait reprendre, presque en entier, l’histoire religieuse de la France au xixe siècle, tellement ont été nombreuses, dans notre pays, les maisons fondées par les éminentes supérieures qui ont successivement dirigé l’institut, et tellement a été considérable leur influence éducatrice sur la société féminine contemporaine. Les Pères Jésuites ont puissamment aidé au développement de cette congrégation établie par l’un d’eux, et dont ils ont justement gardé la haute direction. Avant d’aborder l’histoire des trois maisons du Sacré-Cœur à Lyon, il importe de retracer, à grands traits, la biographie de la fondatrice de ce puissant institut.

Madeleine-Louise-Sophie Barat naquit à la fin de 1779, dans la petite ville de Joigny en Bourgogne, de parents vignerons. Sous la direction de son frère, l’abbé Louis Barat, elle apprit le latin, le grec, plusieurs langues vivantes et les sciences naturelles, et tout cela, tout en s’occupant des travaux domestiques.

En 1792, sa sœur Marie-Louise s’étant mariée, Madeleine en prit occasion pour déclarer qu’elle voulait entrer au couvent. Emmenée à Paris par son frère, elle en reçut les premiers éléments de la vie religieuse. Quelque temps après, en juillet 1800, elle lit la connaissance du P. Varin, Jésuite, et après avoir uni leur bonne volonté et leurs efforts, Sophie Barat et le digne religieux jetèrent les premiers fondements de la société des dames du Sacré-Cœur. Le 21 novembre est regardé dans l’institut comme la date de la fondation.