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histoire des églises et chapelles de lyon

Heureusement un vicaire de Saint-André, l’abbé Chevrier, s’offrit à partager une vie qui répondait à ses secrets désirs. Pour mener l’œuvre à bien, M. Chevrier conseilla à M. Rambaud de recevoir l’ordination. Celui-ci se rendit à ce conseil, et, en décembre 1860, reçut le diaconat à Rome, où il était allé faire ses études théologiques, et, à la Trinité suivante, il fut ordonné prêtre. Dès le lendemain, il déclara que c’était au tour de M. du Bourg de partir pour faire ses études. Après avoir hésité, Paul du Bourg se rendit au séminaire de Romans, dirigé par les Jésuites, et dont il connaissait le supérieur ; il fut ordonné à Lyon en 1864. Pendant les études de M. du Bourg, l’abbé Rambaud fit terminer la chapelle de la Cité. La situation financière n’était pas brillante ; or, cette détresse eut une conséquence inattendue : les négociants lyonnais, qui soutenaient l’œuvre, abandonnèrent l’argent qu’ils avaient confié à M. Rambaud, et l’engagèrent à transformer les immeubles en asile gratuit pour les vieillards.

Pendant l’exécution de tous ces travaux, l’instruction des enfants fut confiée aux Frères des Écoles Chrétiennes. Mais le système pédagogique rêvé par le fondateur étant incompatible avec la méthode des Frères, ceux-ci se retirèrent. Mlle Picolet et Mlle Godin, mises au courant de la méthode de M. Rambaud, et formées par lui, se chargèrent de l’éducation des enfants. Les idées pédagogiques du fondateur, perfectionnées par la pratique, se trouvent développées dans le livre qu’il publia, en 1869, sous le titre de : Méthode d’enseignement raisonné. Cette publication fut approuvée par Pie IX comme capable « de former l’âme des enfants et des adolescents à l’amour de la religion, de l’honneur, de la famille et de la patrie, ainsi qu’au goût du travail et de l’industrie ». M. Rambaud employait avec succès la méthode socratique pour enseigner la philosophie à l’école primaire.

Lorsque la guerre de 1870 éclata, l’abbé Rambaud suivit en Allemagne nos soldats prisonniers, en qualité d’aumônier militaire. Il eut alors l’occasion de montrer son activité et son zèle en se faisant, tour à tour, professeur, fournisseur de vivres et de vêtements. Les soldats manquaient de chaussures : il acheta des basanes, des bottes et des souliers mis au rebut, et créa un atelier de galoches ; il installa ensuite un atelier de reliure ; enfin, pour connaître plus sûrement les besoins, et soulager plus efficacement les misères des soldats, il fonda une société Saint-Vincent-de-Paul. Pour avoir une idée de son activité, il faut lire ses deux ouvrages publiés à l’époque de la guerre, et intitulés l’un : Le siège de Metz ; l’autre : Six mois de captivité à Koenigsberg.

La mauvaise nourriture et les grandes fatigues qu’il avait supportées pendant la guerre, lui causèrent une inflammation d’entrailles qui faillit le conduire à la mort. À peine revenu à la santé, il construisit une école sur le modèle de celles qu’il avait visitées en Prusse et de nouveaux bâtiments pour ses vieillards. Bien plus, il osa rompre avec nos habitudes pédagogiques routinières, et voulut donner aux jeunes filles un enseignement philosophique, dont leurs frères tiraient déjà un profit si évident. La réussite dépassa les espérances. Par sa nature propre, la jeune fille, outre la culture générale, a besoin d’une formation particulière, puisqu’elle doit être épouse et mère. Pour elle, M. Rambaud dicta aux sœurs chargées de l’école et leur fit enseigner un corps de doctrine résumé dans un