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épousé Marie Besset. C’est sans doute par suite de cette alliance que se trouvaient dans l’église des Carmes-Déchaussés les armes des Besset.

On a vu aussi que Cornélie Lumagne, une des bienfaitrices des Carmes, avait épousé Alexandre Mascranni, le prévôt des marchands de 1642. Les deux familles de Lumagne et Mascranni étaient unies non seulement par les liens du sang, mais aussi par ceux de la même profession. Voici un trait intéressant, qui fixera sur la puissance de leur fortune, leur notoriété et leurs relations.

Lorsque Marie de Médicis vit que la perte de ses favoris Concini et Eléonora Galigaï était décidée dans les conseils royaux, elle prit ses précautions, et envoya son argent, dont elle était toujours à court à cause de ses folles dépenses, à Rome et à l’étranger. Un matin, le 13 janvier 1617, elle manda au Louvre le banquier Jean-André Lumagne, âgé de cinquante ans, originaire des environs de Baguse, anobli en 1003, fabricant, marchand, trafiquant d’argent dans toute l’Europe ; associé à Sainctot et à Mascranni, il était l’agent obligé de toute opération financière internationale. La reine lui expliqua qu’elle avait résolu de mettre de l’argent en sûreté hors du royaume, et qu’il fallait, coûte que coûte, le faire passer au delà des Alpes pour le placer sur les monts-de-piété italiens, allemands ou anversois. Elle lui remit aussitôt, contre reçu, deux cent mille livres en pisloles. M. Lumagne les adressa immédiatement à Lyon à son associé Paul Mascranni, qui leur fit passer les Alpes. On sait comment se terminèrent ces événements : par le meurtre de Concini, l’arrestation de Galigaï et l’internement de Marie de Médicis au Louvre et à Blois. Mais cette relation révèle que Lumagne et Mascranni, bienfaiteurs des Carmes-Déchaussés, passaient pour les banquiers les plus sûrs et les plus riches du royaume.

LE BON-PASTEUR

La coquette église du Bon-Pasteur, dont la flèche élancée se profile sur la colline de la Croix-Rousse, est de construction récente. Ce fut en 1855 que Mgr de Bonald songea à créer une nouvelle paroisse pour mieux desservir le quartier ouvrier situé entre les Chartreux et Saint-Polycarpe : il confia cette tâche à M. Callot, missionnaire diocésain de Lyon. Celui-ci « préoccupé à la fois de la paroisse à fonder et de l’église à bâtir, commença par réunir autour de lui quelques bons paroissiens, capables de l’aider de leurs lumières et de leurs efforts ; c’était le commencement de son conseil de fabrique. Le plus pressant était d’entreprendre la construction d’une église où les nouveaux paroissiens du Bon-Pasteur pourraient se réunir pour prier.

« En considération de M. Callot et du caractère de la nouvelle paroisse, entièrement composée d’ouvriers en soie, la Chambre de Commerce voulut bien disposer de la somme de 25.000 francs ; diverses souscriptions furent aussi ouvertes soit dans la paroisse, soit