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saint-pierre et saint-saturnin

bune par un passage voûté et jeté sur une cour, lequel existe encore quoique transformé en habitation particulière. En 1678, l’abbesse Antoinette d’Albert d’Ailly de Chaulnes fit exécuter, sur les dessins du peintre architecte Thomas Blanchet, une décoration du sanctuaire selon le goût de cette époque. Les sculpteurs Nicolas Bidau, Simon Lacroix et Emmanuel Vaigneux y furent employés. Blanchet lui-même exécuta, pour ces travaux, cinq tableaux qui lui furent payés chacun trente louis d’or.

L’abbesse Anne de Melun (1738-1 772) fit entièrement accommoder l’église à la moderne, par l’architecte de Gérando ; on démolit la tribune formant chœur et on en construisit une autre derrière le sanctuaire. La nef fut décorée de nouveau, et l’on ouvrit latéralement de grandes fenêtres. Le rond-point du sanctuaire fut modifié une seconde fois. Un Saint Pierre aux Liens, sculpté par Bidau, fut enlevé ainsi qu’un tableau de Blanchet représentant La Cène : le Saint-Pierre resta longtemps entreposé au bas du grand escalier et la Cène fut transportée à l’église de Décines ; on ignore ce que ces œuvres sont devenues.

La Visitation, groupe sculpté (église Saint-Pierre).

Michel Perrache exécuta le nouveau maître-autel. Un tableau de forme ovale de Claude Spierre, donné par le maréchal de Villeroy, représentant aussi Saint Pierre aux Liens et composé, selon Mariette, « d’une grande manière et d’une fière exécution », couvrit la surface inférieure du sanctuaire, et au-dessus on éleva la grille du chœur, beau travail en fer doré. Les sacristies furent placées au-dessous du chœur supporté par des voûtes d’une grande hardiesse qui motivèrent les contreforts qu’on remarque encore latéralement au chevet de l’église. La démolition d’une partie de ces voûtes et la construction d’une nouvelle abside au fond des sacristies, ont permis d’agrandir l’église au xixe siècle et de lui donner l’aspect qu’elle présente aujourd’hui.

L’orgue se trouvait près du chœur, au temps de l’abbesse de Chaulnes. Anne de Melun en fit établir deux, un au fond de l’église et l’autre dans le chœur. Le clocher actuel remonte aux dernières années de l’administration de cette même abbesse : on lui persuada que l’ancien menaçait ruine et pourrait entraîner avec lui la chute de la façade ; on en démolit trois étages, et on construisit une œuvre vulgaire et disgracieuse qui coûta fort cher et où les anciennes cloches ne purent entrer qu’avec difficulté.

Rien ne rappelle plus à Saint-Pierre actuellement la mémoire de saint Ennemond qui fut inhumé dans cette église. Malgré un procès qui eut lieu entre les Dames de Saint-Pierre et le chapitre de Saint-Nizier, procès qui fut terminé, le 21 juillet 1486, par la vic-