Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
saint-pierre et saint-saturnin

Pierre, comme chef des apôtres. Cette église Saint-Pierre serait celle existant dans le monastère de ce nom, et aurait été érigée vers 546. On avouera qu’un tel argument a peu de portée. D’autres historiens attribuent à saint Ennemond, évêque de Lyon, la fondation de l’église et de l’abbaye Saint-Pierre vers l’an 664. Ce qui infirme cette dernière opinion, c’est que, d’après les documents, saint Ennemond aurait seulement fait un don en faveur des religieuses de l’abbaye : celle-ci aurait ainsi existé auparavant.

On ne saurait donc, faute de documents suffisants, assigner une date précise à la fondation du monastère. Ce qui est certain, c’est qu’il est d’origine ancienne, puisqu’en 664, il comptait déjà une certaine période d’existence. Cette antiquité est, en outre, confirmée par plusieurs anciennes inscriptions découvertes dans l’enceinte de l’abbaye. Un second point non moins certain, c’est que le couvent fut, dès son origine, dédié à la Sainte Vierge, dont les filles qui y habitaient prirent le nom et l’habit. Cette assertion est justifiée par l’existence de peintures qu’on y voyait autrefois, et qui furent détruites, plus tard, par les protestants. Ces fresques décoraient le cloître et le dortoir ; elles représentaient des religieuses vêtues d’une robe blanche et d’un voile bleu.

On ignore sous quelle règle vivaient les premières religieuses, mais, d’après les documents, on sait que, vers 665, elles prirent la règle et l’habit de saint Benoît, et furent ainsi une des premières congrégations de l’ordre bénédictin. Ces documents fournissent également plusieurs détails sur le costume des religieuses, leur vie intérieure, et les vertus pratiquées dans le monastère.

Une fois fixée, d’une manière approximative, la date de la fondation du monastère, il reste à étudier les diverses transformations qu’il eut à subir avant de devenir le monument imposant qu’on admire aujourd’hui. Le couvent, dès son origine, fut habité par des dames de familles illustres, et favorisé de plusieurs fondations royales. Au viiie siècle, par exemple, on trouve une donation du roi Lothaire pour le rétablissement de l’abbaye en partie détruite par les Sarrasins : c’est ce qui explique que le couvent fut pendant longtemps un lieu de sépulture pour les grands personnages. Ceci paraît extraordinaire, mais les règles du couvent étaient très différentes de ce qu’elles furent dans la suite ; les seuls lieux réguliers du monastère étaient alors l’église, le chapitre et le réfectoire ; les religieuses semblent avoir été libres dans les autres parties de l’enclos, et chacune y faisait construire à sa guise une habitation où elle passait le temps non occupé par les exercices communs. Aussi l’abbaye fut-elle richement dotée par les dames qui y apportaient une partie de leur fortune et par des dotations royales. L’abbesse portait la crosse et insérait dans son titre : « par la grâce de Dieu ». Au xive siècle, le monastère ne fut malheureusement pas exempt des désordres qui s’introduisirent alors dans les ordres religieux ; plus tard il fut envahi et dévasté par les protestants.

D’après les renseignements certains d’une statistique de 1668, l’abbaye Saint-Pierre comptait alors 40 religieuses, 4 novices, 12 sœurs laïques ou converses ; il s’y trouvait en outre 8 servantes et 4 valets pour les divers emplois subalternes.

Pour se rendre compte des changements survenus dans l’abbaye jusqu’à la construction du monument actuel, il semble nécessaire d’indiquer rapidement la disposition du quartier