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d’un encadrement conforme au moulurage des arêtes. Le blason, encore lisible, reproduit les armes de la famille Dupuis alias Pozzo : d’or, au puits de gueules accosté de deux dragons de sinople, affrontés et regardant dans le puits. Cette chapelle n’est autre que celle fondée par Mathieu Dupuis, et dont Messire Millet a relaté la bénédiction, le 25 mars. 1650. Elle n’était pas dans l’église de La Platière, mais dans le tènement du prieuré, distante de 50 mètres environ du cloître et de l’église, dans la direction du nord-ouest. Jean-Mathieu Dupuis, seigneur de la Sarra, mourut à l’âge de 80 ans, et fut inhumé dans la chapelle Notre-Dame-de-Pitié qu’il avait fondée.

Non loin de là, dans une salle du rez-de-chaussée, on peut admirer une cheminée monumentale de pierre sculptée, qui paraît remonter à l’époque de Henri IV ou de Louis XIII ; elle garde des traces de polychromie et de dorure. La partie supérieure repose sur des cariatides ; les montants de la partie inférieure se composent de pilastres ornementés supportant des consoles de fort relief. Ce ne sont, hélas, que des vestiges relativement modernes ; de cet antique sanctuaire, il ne reste plus que le souvenir des gloires passées bien imparfaitement rappelées dans celle notice.

SAINT-PIERRE ET SAINT-SATURNIN

Des nombreux couvents qui existent dans notre ville, il en est peu qui puissent se flatter de remonter à un passé aussi lointain que l’abbaye Saint-Pierre. Après avoir passé en revue les diverses opinions émises sur l’antiquité du couvent, on signalera les transformations subies par le monastère au cours des temps et on verra à quelle époque il faut attribuer la construction du monument tel qu’il existe aujourd’hui.

Des hypothèses plus ou moins vraisemblables ont été émises sur l’origine de l’abbaye Certaines légendes la font remonter aux temps apostoliques ; saint Paul, de passage à Lyon, aurait renversé un autel païen existant à cet emplacement, et aurait érigé un autel dédié à la Sainte Vierge ; il aurait appris à des jeunes filles à honorer la Vierge qui avait enfanté, et les aurait rassemblées en ce lieu, d’où serait sorti plus tard le monastère des religieuses Saint-Pierre. Cette légende, faut-il le dire, est dénuée de fondement ; en effet, aucun document historique n’indique que saint Paul ait été de passage à Lyon, ou y ait fait un séjour. On s’est appuyé sur un passage de ses épîtres pour affirmer qu’il était venu chez les Gaulois et, sans doute, à Vienne, avec son disciple Crescent ; mais il s’agit plus probablement des Calâtes ou Gaulois d’Orient et quant à Crescent, sa légende est aujourd’hui abandonnée par les historiens.

Il reste à examiner deux autres opinions relatives à la date d’origine du monastère. Certains auteurs sont d’avis de placer cette fondation vers l’an 546, et l’attribuent à saint Sacerdos, évêque de Lyon. Ce prélat fit construire, vers 550, une église dédiée à saint Paul ; or, disent-ils, il semble convenable qu’il ait déjà rendu cet honneur à saint.