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histoire des églises et chapelles de lyon

nom de La Platière à cause de sa situation sur une petite place entourée d’arbres, Platea. Ce lieu est nettement déterminé dans une charte de 1092 : » Dans le faubourg de Lyon, sur la rive gauche de la Saône du côté de l’orient. » Plusieurs annalistes ont assuré que l’édifice primitif avait été reconstruit au commencement du ixe siècle par Leidrat. Cet insigne bienfaiteur de l’église de Lyon, dans sa lettre adressée à Charlemagne, mentionne comme ayant été réédifiées par ses soins les églises Saint-Nizier et Sainte-Marie. Mais aucune preuve ne vient étayer l’identification de cette dernière avec Notre-Dame de La Platière.

Les annales de La Platière restent encore obscures pendant près de deux siècles, jusqu’à l’époque où Gébuin (saint Jubin), archevêque de Lyon de 1077 à 1082, faisait don de l’église et de ses dépendances aux chanoines réguliers de Saint-Ruf. Cet ordre avait pris naissance dans le Comtat-Venaissin. « Mais, dit Nicolas Chorier, le nom de Saint-Ruf qui est son titre, n’est pas celuy de son instituteur, ni un choix qu’il ait fait. Amalde, Odilon, Ponce et Durand, prestres de l’Église d’Avignon, ayant résolu entre eux de mener une vie plus retirée, demandèrent, en 1039, à Benoît, leur évêque, deux églises dont il pouvoit disposer. C’étoient celles de Saint-Just et de Saint-Ruf dans son diocèse et auprès de la Durance. Il les leur accorda, et comme ils se logèrent aux environs de celle-cy, le nom leur en fut donné ; ils furent appelez et ceux qui vinrent après eux les chanoines de Saint-Ruf. Cet ordre s’est répandu en beaucoup de lieux ; sa règle est celle de saint Augustin et tous les membres reconnaissent l’abbaye de Valence pour leur chef Il donna trois papes à la chrétienté : Anastase IV, Adrien IV et Jules II. » (Hist. générale de Dauphiné.)

À la suite d’un différend suscité par les moines de l’Île-Barbe, qui avaient protesté contre l’introduction à Lyon des chanoines de Saint-Ruf, l’archevêque Hugues ratifia, par une charte du 22 juin 1092, la donation à ces religieux, par Gébuin son prédécesseur, de l’église Notre-Dame de La Platière et de ses dépendances, savoir : les églises Saint-André de Corcy, Saint-Marcel, Notre-Dame de La Boisse avec les chapelles de Girieu et de Montluel et l’église Saint-Julien de Condeyssiat. Par sa bulle du 19 septembre 1093, le pape Urbain II leur confirme encore Ecclesiam sancte Marie infra Lagdunensem. Plusieurs de ses successeurs contribuèrent à affermir les chanoines de La Platière dans leurs possessions. Adrien IV, le 7 janvier 1159, confirme la donation faite par Étienne, sire de Villars, de la part qui lui appartenait du port du Rhône, à Lyon, aux chanoines de La Platière ; Lucius III, le 7 novembre 1184, confirme la concession faite, par l’archevêque de Lyon, aux chanoines de La Platière d’un four, d’une place qui s’étendait de leur maison à la Saône et de leur part du port du Rhône ; enfin, le pape Innocent III, le 6 mai 1206, confirme toutes les possessions de l’ordre de Saint-Ruf.

Il est probable que le petit sanctuaire, plusieurs fois remanié, fut reconstruit sur de bien plus vastes proportions, peu après la prise de possession par les chanoines de Saint-Ruf, c’est-à-dire au commencement du xiie siècle. Le grand plan scénographique de Lyon, exécuté vers le milieu du xvie siècle, celui de Simon Maupin, en 1625, nous ont conservé la représentation de l’église de La Platière. C’était un édifice de dimensions moyennes, à une seule nef. Le clocher élevé au-dessus du chœur est à deux étages surmontés d’une flèche