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la compassion

servi à former le maître-autel. La voûte de la chapelle était commencée lorsque l’émeute de 1834 vint suspendre le travail, qui, pourtant, fut repris peu après et terminé en deux ans.

La chapelle est sans apparence extérieure. À l’intérieur, elle se compose d’un vaisseau de style roman, à une seule nef, éclairé de quatre fenêtres. L’autel est en marbre de couleurs, simple et sans sculpture, il est surmonté d’une statue très ordinaire du Sacré-Cœur. De chaque côté, à la naissance de la nef, sont deux autels, érigés en 1887, dédiés à la sainte Vierge et à saint Joseph. Dans le chœur se trouvent trois peintures qui représentent les monogrammes réunis de Jésus et de Marie, symbole de la congrégation ; l’Agonie de Notre-Seigneur, enfin les Pèlerins d’Emmaüs. Dans la nef, deux autres peintures représentant Jésus bénissant les enfants, et la Présentation de Marie au temple ; toutes ces peintures sont l’œuvre de quelques sœurs ; si ces toiles ne sont pas d’une habileté artistique exceptionnelle, elles constituent du moins un témoignage de l’activité intellectuelle et de la bonne volonté développées dans la communauté.

Aujourd’hui la chapelle n’entend plus l’office, que récitaient autrefois les religieuses, maintenant exilées en Suisse ; la prière n’y a pourtant point cessé, car les sœurs ont laissé leur vaste établissement à un pensionnat prospère, dont les élèves continuent à fréquenter la chapelle.

LA COMPASSION

La naissance du refuge de la Compassion date de 1825, et eut pour berceau l’hospice de l’Antiquaille, où les malheureuses filles victimes de la séduction étaient amenées pour être soignées. Les sœurs hospitalières rencontraient fréquemment parmi ces infortunées des jeunes filles plus malheureuses que coupables. M. Dupuis, frère du côté maternel de M. Laffay, aumônier de l’Antiquaille, prêtre ardent, plein de zèle et de dévouement fut l’instrument dont la Providence se servit pour jeter les fondements de l’œuvre naissante. Cet ecclésiastique était chapelain de la Primatiale et consacrait les instants que les fonctions de son ministère lui laissaient libres à venir exhorter et instruire ces pauvres filles. C’était souvent peine perdue, et pour toucher ces cœurs endurcis, il fallut, en 1825, une scène tragique qu’un mémoire du temps raconte ainsi : « Depuis huit jours la parole de M. Dupuis retentissait sans trouver une âme qui voulût la recevoir, lorsque dans son zèle et sa douleur, celui qui n’avait pu briser ces cœurs endurcis, se prit à briser la croix qu’il tenait en main et dont la rédemption était inutile à ces pécheresses qui la repoussaient et voulaient l’enfer. À cette vue, celle qui était à la tête de toutes par ses scandales, saisit les morceaux épars de la croix, chercha à les réunir et s’écria que Dieu n’aura point souffert en vain ; son exemple fut suivi par plusieurs de ses compagnes qui généreusement se convertirent. »