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histoire des églises et chapelles de lyon

accompagnée des sœurs Marie, Pélagie et Louise, se rendit à Larajasse et vint occuper une partie du château de M. de Savaron, situé dans le village. Un an après leur arrivée, la supérieure fit connaître à M. le Curé, les propositions qu’on lui faisait d’acheter la maison Néel ; l’acquisition semblait onéreuse, mais elle procurait l’avantage de se trouver au centre du bourg, ce qui serait précieux pour les enfants des écoles ; mais surtout on trouvait par là la facilité d’établir une communication entre la maison et l’église par une galerie aboutissant à une petite tribune, ce qui procurait le moyen d’ériger l’adoration perpétuelle. L’acquisition se fit chez M. Molière, à Saint-Symphorien, le 8 août 1821 ; mais Mme Targe ne devait entrer en jouissance de cette maison que le 8 novembre 1822. Un détail intéressant trouve ici sa place ; la maison Néel avait abrité, pendant la Révolution, des prêtres cachés ou de passage venus pour célébrer les fonctions du culte ; aussi la Providence avait-elle protégé l’immeuble et ses habitants contre les fureurs de l’impiété ; on conçoit combien il était consolant, pour la communauté naissante, d’occuper une maison où le sacrifice divin avait été célébré plusieurs années.

Il ne sera pas sans intérêt de relater ici le nom des religieuses qui formaient le premier noyau de l’institut ; ce sont, les sœurs Gésarine de la Croix, Targe, Louise Granjon, Pélagie Messy, Thérèse Vernay, Arine-Marie Molle, V. Orcel et Euphrasie Néel.

Le bon curé songeait constamment à orner la modeste chapelle de sa communauté ; le 6 janvier 1823, il fit don d’une insigne relique de la vraie croix, ce qui donna lieu à une touchante cérémonie. Après une courte instruction, les sœurs, avec des cierges, précédaient le clergé en chantant ; arrivées dans la chapelle intérieure, M. Ribier déposa la précieuse relique, bénit les sœurs avec la vraie croix : puis on fit l’adoration en baisant respectueusement la relique.

La communauté vivait pauvrement, mais elle se confiait pleinement en la Providence, comptant sur la promesse de celle-ci, de rendre le cent pour un. Un jour, M. Ribier reçut une pièce d’or de vingt-quatre livres pour servir de « pierre fondamentale aux constructions et aux dépenses que les sœurs du Sacré-Cœur étaient obligées de faire pour élever et soutenir leur établissement ». La donatrice priait M. le Curé de « bénir cette pièce de monnaie, de la joindre au pain de bénédiction, qui fut béni lors de l’installation des sœurs dans leur maison, et d’en faire hommage à la sainte Vierge ».

Le 8 novembre de la même année, M. Ribier établit dans la communauté l’adoration perpétuelle. À ce moment, elle se composait de dix-huit religieuses, ce qui indique combien l’institut avait déjà prospéré ; avec ce nombre, il était possible de fonder une œuvre durable. Le digne curé le comprit, et pensa que l’Adoration serait pour les sœurs une source de progrès spirituels.

Peu après, la communauté devait recevoir un singulier encouragement dans la visite de monseigneur l’archevêque. Voici comment s’exprime à ce sujet le journal manuscrit du couvent : « Le 24 juillet 1824, Mgr Jean-Paul Gaston de Pins, archevêque d’Amasie, administrateur apostolique du diocèse de Lyon, ayant fait son entrée solennelle dans la paroisse de Larajasse, a eu la bonté de visiter notre communauté ; Sa Grandeur était accompagnée de MM. Baron et de Linsolas, ses grands vicaires, de MM. Vuillerme,