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histoire des églises et chapelles de lyon

TRAPPISTINES

La révolution de 1789 qui accumula tant de ruines en France, supprima, on le sait, les communautés et s’empara de leurs maisons. Les religieux qui voulurent rester ensemble durent chercher vin abri à l’étranger. Beaucoup se réfugièrent en Suisse, et là fut installé, à cette époque, le premier monastère des Trappistes.

Ces communautés restèrent en Suisse jusqu’en 1815, car les troubles qui accompagnèrent l’établissement du premier empire et qui suivirent sa chute n’étaient guère favorables au rétablissement des ordres religieux en France. Le calme se rétablissant, ils purent, après un exil de vingt-cinq ans, rentrer dans la mère patrie ; ils s’établirent pauvrement, comme ils le purent, car à la place de leurs anciennes maisons, ils ne trouvèrent souvent que des ruines.

Un certain nombre de Trappistines, n’ayant pas de maison pour se retirer, tournèrent leurs regards vers la ville de Lyon déjà renommée par sa charité et son esprit religieux. Elles étaient en cela dirigées par leur supérieur, Dom Augustin de Lestrange, homme d’un esprit élevé, dont il est nécessaire de rappeler ici brièvement la biographie.

Il naquit en 1704 au château du Colombier-le-Vieux, en Vivarais, et était le quatorzième enfant d’un officier de la maison du roi. Après ses premières études à Tournon, il vint suivre le cours de philosophie au séminaire Saint-Irénée de Lyon, et ses études achevées, il fut élevé au sacerdoce à l’âge de vingt-quatre ans. Ses premiers essais de travaux apostoliques eurent lieu à Paris, dans la paroisse Saint-Sulpice ; il s’y fît remarquer à tel point, qu’il fut bientôt appelé à la coadjutorerie de l’archevêché de Vienne. L’abbé de Lestrange ne se laissa pas prendre par les honneurs, mais courut échanger la haute dignité offerte avec les terribles austérités de la Trappe. Après une année de noviciat, il dit un adieu définitif au monde et prit le nom de dom Augustin. En 1791, il introduisit dans son couvent de la Valsainte, en Suisse, la réforme qui devait renouveler le monastère dans l’observance la plus étroite de la règle de saint Benoît. Choisi par les religieux comme abbé, il reçut du nonce, le 8 décembre 1794, un décret daté de Lucerne qui ratifiait l’élection et lui donnait tous les pouvoirs dévolus à sa charge par les nouvelles constitutions. Peu après, la Providence inspira à dom Augustin la pensée d’acheter, près de Saint-Maurice-en-Valais, une maison pour recevoir les religieuses qui, à la suite des persécutions, avaient dû quitter la France, livrée à la révolution.

Les premières y entrèrent en 1796, le jour de l’exaltation de la Sainte-Croix. Mais il fallut bientôt céder la place : la persécution gagnant la Suisse, moines et religieuses passèrent en Autriche, d’où ils ne tardèrent pas à être bannis, et de là se réfugièrent en Russie, puis en Danemark. Dom de Lestrange se rendit enfin en Angleterre, où il acquit près de Londres une maison, futur couvent de religieuses. On voit combien le