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l’œuvre de ceux-là mêmes qui payaient de leurs deniers ces travaux de conservation.

En 1685, l’abbaye d’Ainay fut sécularisée. Ce que ne pouvaient pas faire des religieux bénédictins, s’occuper du service paroissial, devenait possible pour les nouveaux chanoines qui n’avaient pas les mêmes raisons pour entretenir hors du chapitre un curé chargé d’un service dont ils pouvaient s’acquitter eux-mêmes ; d’autant plus que la paroisse Saint-Michel, longtemps peu peuplée et seulement de pauvres gens, avait vu sa population s’accroître et des familles notables abandonner les vieux quartiers de la rive droite de la Saône, pour se fixer à Bellecour et aux environs, depuis que les améliorations opérées dans la presqu’île l’avaient rendue plus habitable.

Le Consulat, consulté au sujet de la sécularisation d’Ainay, émit un avis favorable fondé sur la nécessité d’en faire une église paroissiale, afin de soulager l’église Saint-Nizier seule, dit la délibération, au service d’une population supérieure des deux tiers à la population habitant du côté de Fourvière.

Le motif donné par le Consulat à l’appui du projet de translation de la paroisse à Ainay peut paraître étrange, car, au nord de Saint-Nizier, se trouvaient Notre-Dame de la Platière, Saint-Saturnin et Saint-Vincent, et au sud, Saint-Michel. Mais il s’agissait moins de soulager Saint-Nizier que de supprimer Saint-Michel. Cette suppression était si bien dans la pensée de ceux qui faisaient, en 1685, la sécularisation d’Ainay, qu’en 1688, Camille de Neuville, abbé d’Ainay et archevêque de Lyon, fit procéder à une enquête sur le projet d’établir à Saint-Michel une communauté de Lazaristes s’adonnant à la prédication.

Enfin, le 17 octobre 1690, l’archevêque rend une ordonnance qui prononce la déchéance de Saint-Michel, et décide que l’église d’Ainay sera désormais paroissiale. En même temps, il prononce que la chapelle du Saint-Esprit, joignant le pont du Rhône, est érigée en succursale de la nouvelle paroisse et que le curé de Saint-Michel, obligé de quitter sa cure, sera logé dans une maison de l’enclos d’Ainay, en avancement sur le rempart. Du reste, si le curé de Saint-Michel était désormais sans paroisse, le titre et la dignité subsistaient, et l’on retrouve, même après 1690, plusieurs personnages ainsi qualifiés.

Le curé de Saint-Michel, au moment de la suppression de la paroisse, était François Thomazet, dont le nom mérite d’être recueilli, car une note manuscrite de Spon, sur un exemplaire de l’un de ses ouvrages, rapporte que François Thomazet eut soin de conserver l’épitaphe en vers latins de Carétène, précieux document sans lequel on ne saurait rien de la fondatrice de Saint-Michel.

Le curé Thomazet eut gravement à souffrir de la suppression de sa paroisse. En le privant de ses revenus, on laissait à sa charge les dettes qu’il avait dû contracter, en 1666, pour la réparation de l’église et la construction d’une nouvelle maison curiale. Il s’en suivit plusieurs différends. Les paroissiens de Saint-Michel ne voulurent payer que les dépenses relatives à l’église. Une procédure, engagée par le maître-maçon Lacombe, contre le curé Thomazet, et continuée après leur mort entre les ayants droit de l’un et de l’autre, n’était pas terminée en 1712. Il y eut, à la requête des créanciers, le 6 novembre 1694, saisie de la maison curiale et même, plus tard, de l’église qui avait été transformée en magasin à poudre pour le service de l’arsenal.