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en bois et lattes recouverts d’un enduit de plâtre. Le plan d’ensemble, ne comportant aucun transept, se rapproche ainsi de la forme basilicale. De tous ces travaux est sorti l’édifice qui se voit aujourd’hui, à l’enceinte vaste, mais d’un caractère froid et décoloré qui est le propre, d’ailleurs, de la plupart des églises élevées à la même époque.

Il ne reste plus, aujourd’hui, de l’ancienne église des Augustins, que le clocher dont l’amortissement, en forme de calotte avec lanterneau, reflète bien le style architectural de son époque. Pourquoi faut-il qu’on en ait dénaturé l’aspect, en 1896, par une pseudo-décoration d’un effet pitoyable ?

À l’intérieur, se voit encore l’écusson armorié des Savaron, possesseurs, comme nous l’avons dit, de l’ancienne chapelle Saint-Nicolas, blasonné : d’azur à la croisette d’argent accompagnée de trois soleils d’or. Telle qu’elle apparaît, l’église Saint-Denis est inachevée dans son gros-œuvre. Il saute aux yeux que sa largeur n’est pas en rapport de proportion avec sa longueur, et de fait, les plans de Chenavard comportaient l’adjonction d’une travée supplémentaire. Aussi, et par voie de conséquence, le monument attend-il encore une façade digne de lui.

L’intérieur de l’édifice a reçu, depuis lors, quelques embellissements. Dans les voûtes mi-sphériques du chœur se déroulent trois grandes scènes murales dues au pinceau d’Auguste Perrodin, ancien collaborateur de Viollet-le-Duc dans la décoration de Notre-Dame de Paris, décédé jeune encore en 1887. Au centre, le Christ-roi bénissant est assis dans sa gloire ; à sa droite, l’apôtre saint Paul lui présente saint Denis et ses compagnons Rustique et Éleuthère ; à sa gauche se voit un groupe de martyrs lyonnais ; des anges triomphateurs encadrent cette scène. Plus bas, deux frises, dont une grecque, concourent à la décoration de l’abside principale. Comment qualifier, hélas ! l’intolérable présence de ce colossal buffet d’orgues plaqué là, au premier plan, sur cette ornementation qu’il écrase de sa masse et dont il annihile tout l’éclat ? Cette faute, le conseil de fabrique de 1887 l’a perpétrée avec une obstination aveugle, malgré les protestations indignées de la presse lyonnaise et des hommes de goût. Les sujets latéraux, moins importants, présentent, d’un côté : l’Apparition du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacoque ; de l’autre, saint Dominique recevant le Rosaire des mains de la Vierge, enfin sainte Catherine de Sienne en extase devant l’Enfant Jésus. La décoration accessoire des murs absidaux comporte une série de compositions relatives au vocable des chapelles, puis un revêtement en stuc simulant des marbres de couleurs variées. Feu Jacobé Razuret est l’auteur de ces peintures ; M. Charles Franchet a fourni les dessins du revêtement.

Aux côtés du maître-autel se dressent les statues de saint Denis et de saint Joseph, ce sont des moulages du sculpteur Fabisch. Enfin, les baies du chœur ont été pourvues de verrières peintes, et celles des collatéraux de vitraux à personnages d’une médiocre valeur, croyons-nous. Fresques, décorations picturales, statues et verrières ont été exécutées de 1872 à 1878. Dans le mur latéral, se voit un cénotaphe en marbre blanc dessiné par l’architecte Franchet : il renferme le cœur de l’abbé Artru, mort curé de