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XXV
INTRODUCTION

à éclore. On lira plus loin, étape par étape, station par station, les incidents de cette marche en avant ; on y admirera les élans d’une incomparable générosité. Les millions jetés dans les fondations de Sainte-Blandine, de Saint-Bernard, de l’Immaculée-Conception, de Saint-André, de la Rédemption, de l’Annonciation, dans les marbres et les ors de la basilique de Fourvière, ont payé la Providence de la prospérité de nos industries, de l’extension de notre commerce, de la solidité de notre crédit ; la dette, il est vrai, n’était pas légère ; on conviendra que, pour l’acquitter, le cœur n’a pas été moins libéral que noblement inspiré.

Notre livre est un hommage à la piété, à la sagesse, à la générosité lyonnaise.

À l’heure où il sollicite l’attention, où son apparition dédommagera la patience de nos aimables souscripteurs, sa condition se transforme, il cesse d’être seulement un recueil d’images, de plans, de vues, de notes intéressantes ; on le consultera comme un document contemporain, comme une pièce sincère d’enquête ex professo. Pendant que les imprimeurs le tenaient, la tempête a soufflé une seconde fois, plus furieuse, plus dévastatrice qu’à la promulgation des décrets de 1880 ; nous avons assisté à des départs déchirants ; nous avons gémi sur de cruelles expulsions. L’exode vers la terre étrangère de tant de victimes, qui ne réclamaient d’autre privilège que de ne pas trahir des serments de conscience, a dépeuplé leurs demeures ; hier encore, elles retentissaient du chant de leurs psalmodies, des leçons de leur savoir, d’éloquentes prédications, de bénédictions et d’actions de grâces ; une lourde solitude les accable maintenant : liquidateurs, experts, créanciers, entrepreneurs ont délibéré ; demain les enchères du tribunal, désertées par les honnêtes gens, décideront de leur sort. Les chers exilés reviendront-ils ? La frontière se dressera-t-elle longtemps entre leurs souffrances et nos vœux ? Au moins, en lançant cette publication, nous espérons et nous souhaitons les faire regretter davantage, puisque nous révélerons mieux la grandeur de leurs sacrifices et la singularité de leur détachement. Puisse l’heure du retour et de la justice sonner plus tôt qu’on ne pense dans notre pays, si prompt au repentir, où tôt ou tard le droit et la faiblesse ont leur revanche sur les abus de la force et les inutiles persécutions du fanatisme.

Les églises paroissiales ne sont guère mieux traitées, par nos ministres et par nos Parlementaires, que les chapelles conventuelles. Leur enceinte n’est pas interdite ; mais nous y paraissons comme des occupants passagers, usant de