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religieuses saint-joseph

RELIGIEUSES SAINT-JOSEPH

On sait ce que furent sous l’ancien régime les sœurs Saint-Joseph du Puy, la plus chère pensée de saint François de Sales, réalisée par Mgr de Maupas, évêque du Puy, et par le P. Médaille, Jésuite, après que la Visitation se fut décidément renfermée dans le cloître, un peu contre son nom même. Le pieux et aimable évêque de Genève, en effet, en instituant avec Mme de Chantal une congrégation nouvelle, avait voulu un renouvellement, une continuation de la visite de la Vierge Marie, c’est-à-dire des religieuses visitant les misères humaines et guérissant les ignorances qui en sont la cause ; en un mot il avait conçu le dessein d’unir étroitement les travaux de Marthe à la contemplation de Marie-Madeleine. On comprend qu’il ne se résigna pas sans regret à suivre le conseil de Mgr de Marquemont, archevêque de Lyon, qui l’obligea moralement à mettre en clôture les religieuses de sa nouvelle congrégation. On sait que saint Vincent de Paul réalisa pleinement l’idéal du prélat, par la fondation des Filles de la Charité.

Les sœurs Saint-Joseph du Puy, fondées pour se donner aux soins des malades et à l’éducation des enfants, logèrent d’abord au Puy, chez Lucrère de La Planche, dame de Joux, puis elles s’assemblèrent dans l’hôpital de cette ville, le 15 octobre 1650. Mgr de Maupas les autorisa solennellement par son ordonnance du 10 mars 1651, et les recommanda à ses collègues dans l’épiscopat, puisque, écrivait-il, elles n’ont été établies que pour faire revivre l’esprit de la première institution que le bienheureux François de Sales fit des sœurs de la Visitation Sainte-Marie. Après que Mgr de Maupas eut été transféré à Évreux, son successeur, Mgr Armand de Béthune, ne fut pas un moindre protecteur, un moindre père des filles Saint-Joseph. Il confirma leur institut par décret du 23 septembre 1665. La congrégation, fortifiée par les lettres patentes de Louis XIV, en 1666, s’établit à Saint-Didier et en plusieurs villes et bourgades du Velay ; elle n’avait pas quinze ans d’existence que déjà elle s’étendait au-delà de son diocèse d’origine, dans ceux de Clermont, de Grenoble, d’Embrun, de Gap, de Sisteron, de Viviers, d’Uzès et dans d’autres, tant son institution répondait à un besoin évident.

Appelées à Lyon, les sœurs furent approuvées par François-Paul de Neuville de Villeroy, archevêque de Lyon, le 1er juillet 1729 ; elles s’installèrent dans la maison de Force, dite maison de recluses, où on enfermait, par ordre de police, les mauvaises femmes ; elles aidèrent aux directeurs de la maison, et leur empire sur les âmes dévoyées était tel qu’il n’était pas rare de voir certaines recluses demander à entrer au noviciat et devenir de bonnes religieuses.

Jusqu’à la Révolution, la congrégation se montra fidèle à sa vocation, partageant sans jalousie l’immense champ de son travail avec des compagnes nées dans le même temps : les sœurs séculières de la société Saint-Joseph, établies à Bordeaux en 1638, et les hospi-