Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
saint-roch

de Saint-Laurent, le diaconat. Mgr de Belley qui lui conféra les ordres, était si infirme, qu’on attribua aux prières de Crétenet la force soudaine qu’il retrouva. Enfin, le jour de l’Assomption, il fut ordonné prêtre dans la cathédrale, à la grand’messe en musique qu’il avait attendue, en prières au pied de l’autel, depuis cinq heures du matin. Il mourut quelques jours après, le 1er septembre 1666, dans des sentiments de résignation et de joie. Dieu lui avait annoncé le 25 avril 1660 qu’il n’avait plus que six ans à vivre, ce dont il se réjouit fort ; et un peu plus tard, il avait été assuré aussi par une communication surnaturelle qu’il serait prêtre à temps pour l’éternité. Telle fut en résumé la vie de cet homme de qui la simplicité et l’humilité montrèrent et opérèrent des choses merveilleuses.

SAINT-ROCH

La chapelle Saint-Roch de Choulans, dite aussi Saint-Roch-hors-les-Murs, « était située à mi-coteau de Saint-Irénée sur une haute terrasse plantée d’arbres qui dominait la Quarantaine et l’hôpital Saint-Laurent. On y accédait par un chemin qui partait de la montée de Choulans et aboutissait au côté sud de la terrasse après avoir serpenté à travers les jardins et les vignes. Précédée d’un porche, elle était de forme carrée, oblongue, et se terminait en pan coupé au levant. Deux portes cintrées fermaient l’entrée principale ; deux portes latérales s’ouvraient lune au nord, l’autre au midi, une troisième au fond conduisait à la sacristie. Quatre fenêtres cintrées, deux au nord et deux au midi, éclairaient l’intérieur. Elles étaient ornées d’antiques vitraux dont une partie, tout au moins, était l’œuvre de Bertin Ramus, célèbre peintre-verrier lyonnais du xvie siècle. »

Voici à la suite de quels événements fut construite cette chapelle. En 1348, la peste avait envahi notre ville et causé de tristes ravages. « Des lettres du roi Jean II le Bon, en date du 3 mai 1351, accordant aux Lyonnais une taxe de deux deniers par livre sur les marchandises vendues dans leur ville », attestent la diminution de population causée par le fléau qui ne s’en tint pas à cette première preuve de sa meurtrière puissance. Dans ce même siècle et au siècle suivant, il sévit de nouveau et notamment dans l’été de 1457 jusqu’à la Saint-Martin. Au xvie siècle, il renouvela ses ravages accoutumés qui suivirent de près les dévastations des protestants. En quelques mois de l’année 1564, il enleva, au témoignage de Claude de Rubys, « plus de 30.000 citoyens, c’est-à-dire presque la moitié des habitants ». Ce fut alors que le fameux Père Jésuite, Edmond Auger, fondateur du collège de la Trinité, aujourd’hui lycée Ampère, voua Lyon à Notre-Dame du Puy.

Douze ans se passèrent sans retour de la terrible épidémie que l’on croyait éloignée à jamais, lorsqu’elle reparut en mars 1577, et jusqu’à la fin d’avril multiplia ses ravages plus encore qu’auparavant. » Des prières publiques et des jeûnes furent ordonnés pour