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Premier monument des victimes du siège, 1795-1796.

MONUMENT DES BROTTEAUX

Tout à côté de Saint-Pothin, se trouve le monument des Brotteaux, élevé en mémoire des victimes du siège de Lyon en 1793. Trois édifices se sont succédé sur le même emplacement. Le premier ne dura qu’un an, le second est, en ce moment, en démolition, mais le troisième perpétue le souvenir du grand événement. Avant d’entrer dans la description de ces trois édifices, il importe de rappeler les circonstances historiques qui leur ont donné naissance. Nous raconterons donc brièvement le siège de Lyon, la sortie du général de Précy, enfin les massacres qui suivirent le siège.

S’il est une vérité historique établie aujourd’hui, c’est celle-ci : l’insurrection de Lyon ne fut aucunement un mouvement politique, mais elle fut uniquement suscitée par l’ardent désir de liberté religieuse qui animait les Lyonnais. Après le coup délai du 2 juin où les Montagnards procédèrent à l’arrestation de leurs collègues conventionnels modérés dits de la Plaine, « une partie de la Normandie, Bordeaux et Toulon se prononcèrent en faveur des députés proscrits ». Le 17 septembre, la Convention, dans sa fureur, votait la fameuse loi des suspects dont on ne saurait lire le texte sans frémir :

« Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui se trouvent sur le territoire de la République, et qui sont encore en liberté seront mis en état d’arrestation.

« Sont réputés suspects, ceux qui, soit par leurs relations, soit par leurs propos ou écrits se sont montrés les partisans de la tyrannie ou du fédéralisme et ennemis de la liberté ; ceux qui ne pourront justifier de l’acquit de leurs devoirs civiques ; ceux à qui il