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antiquaille

faire pour vous, mais travaillez vous-même pour votre gloire, et manifestez-vous à quelques personnes de céans qui aient plus de crédit que moi. » Je lui répondis que j’étais bien résolue de faire tout ce qui serait en mon pouvoir pour le faire honorer.

Saint Pothin et saint Irénée
(d’après un vitrail de L. Bégule, à l’église Saint-Irénée).

« Mais sitôt que j’eus dit à nos sœurs le songe que j’avais eu et les effets qu’il m’en était restés, elles furent si remplies de dévotion et de désir de rendre à l’avenir l’honneur que méritait ce saint cachot, qu’elles commencèrent à recourir à la protection de saint Pothin et à surmonter la peur qu’elles avaient pour ce lieu, où sont enterrées toutes nos sœurs défuntes, pour y aller faire leurs dévotions. Celles de nos sœurs qui se trouvèrent auprès de ma sœur de Thélis, lorsque je lui fis ce récit, me dirent qu’il fallait prier saint Pothin que s’il voulait être honoré dans ce lieu il le fît connaître en guérissant maître Mathieu Farja, qui écrit alors dans un extrême péril de sa vie, étant abandonné des médecins. Il avait été trente ans notre valet ; il avait reçu tous les sacrements, et l’on assurait que de trente qui avaient son mal, un seul n’en échapperait pas.

« Je le priai que s’il donnait la santé à cet ouvrier qui était charpentier, il ferait quelque chose de son métier à son honneur. Dès le lendemain, il se porta mieux ; mais pour faire connaître que Dieu ne lui avait rendu la santé qu’à la considération de saint Pothin, il fut toujours languissant jusqu’au jour qu’on apporta la statue que nous avons fait faire du saint pour la placer sur son cachot, avec les deux grands anges pour mettre des deux côtés, qu’il se porta parfaitement bien et se rendit céans sans en avoir été averti, pour remercier des prières qu’on avait faites pour sa guérison, et savoir ce qu’il pouvait faire pour saint Pothin, C’était justement l’heure et le moment qu’il fallait prendre quelques mesures pour l’enjolivement de ce saint lieu. Voilà la fin du récit du songe de notre très honorée mère de Riants, qu’on peut appeler songe mystérieux : il a été examiné par les docteurs et casuistes qui l’ont approuvé.

« Elle fut fort animée pour faire embellir ce saint cachot et toute la prison qu’elle fit