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XI
INTRODUCTION

leurs donateurs ; les tableaux, leur peintre ; les voûtes, l’écho des cantiques et des psalmodies dont elles ont retenti. Avec de pareilles intentions, on ne suit pas seulement la genèse de l’œuvre, sa croissance, ses péripéties de durée ou de déclin ; on peuple l’enceinte avec les foules qui s’y sont agenouillées, les saints qui l’ont honorée de leurs miracles, les solitaires qui l’ont sanctifiée de leurs pénitences et de leurs oraisons, les dévots pèlerins qui en ont porté la réputation au loin. C’est le drame sacré, avec ses acteurs et son décor ; c’est la tragédie religieuse qui se déroule sur le théâtre où elle fut inaugurée, où anges, démons et pauvres humains continuent de la jouer, à la gloire de Dieu et pour la consolation terrestre de ceux qui aspirent aux joies éternelles.

Cependant, avant de clore cette introduction, dont la brièveté ne serait point un mérite, si la clarté en souffrait, il nous semble que certains renseignements généraux doivent y trouver place ; il ne sera qu’avantageux de grouper en trois ou quatre pages sommaires la chronologie originelle des établissements qui seront décrits dans le corps de l’ouvrage et qui s’échelonnent sur un espace qui n’est pas moins aujourd’hui de dix-huit fois séculaire : une date, la plus approximative possible, dispose chacun d’entre eux à son rang d’apparition, l’on en saisit mieux l’opportunité, et il est plus commode d’embrasser d’un coup d’œil précis le progrès de la religion parmi nous ; il n’échappe aucune des manifestations qui ont traduit au dehors, d’une façon officielle et publique, les vertus qu’elle inspire, les enseignements qu’elle propage, et les maux qu’elle guérit.

On se plaît à placer, dans le périmètre de l’église actuelle Saint-Nizier, la maison où notre évangéliste Pothin reçut l’hospitalité d’un de ses compatriotes Smyrniote et communia ses premiers frères, Attale, Sanctus, Blandine. Cette tradition, bien que les documents invoqués aient une authenticité contestable, s’appuie sur des vraisemblances qui font incliner à les préférer à toutes les autres.

En revanche, la doyenne des basiliques, dont un texte certain nous affirme la construction et la consécration, fut celle érigée par saint Patient, vers 460 ; grâce à Sidoine Apollinaire, et à l’inscription dédicatoire, qu’il composa à ce sujet, et dont il envoya copie à un de ses amis, nous tenons en main un document contemporain, j’allais dire un témoin épigraphique. L’élégant patricien nous dit