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grands-augustins et saint-vincent

l’imprimerie lyonnaise ; de même que la représentation de leurs mystères et leurs jeux sur la place des Terreaux, aux fossés de la porte de la Lanterne, suggéra l’idée première d’un théâtre proprement dramatique, dont le premier poète et metteur en scène fut Jean Neyron. Mais insistons davantage sur l’imprimerie. Barthélémy Buyer, d’une famille riche et fort honorée, créa la typographie dans notre cité. Il n’était, quoi qu’on en ait écrit, ni libraire, ni même imprimeur ; toutefois il avait établi dans sa maison Guillaume Le Roy, qui travailla sous sa conduite et à ses dépens, après avoir été à Paris l’élève d’Ulric Gering et de Martin Crantz, les véritables importateurs de l’imprimerie en France. Guillaume Le Roy se perfectionna sur les conseils des Augustins. Le second ouvrage qu’il édita, la plus ancienne exposition de la bible en langue vulgaire, est d’un de ces moines : le P. Julien Macho. Ce livre rarissime est un petit in-folio très net, à deux colonnes, à caractères gothiques, à menues gravures répandues çà et là. Julien Macho a laissé, en outre, une traduction du Miroir de la vie humaine, de Rodrigue, évêque de Zamora, imprimé aussi à Lyon, chez Barthélémy Buyer, en 1477 ; Les fables d’Ésope, translatées en français, Lyon, Mathieu Hus, 1484 ; La légende des saints nouveaux, Lyon. Buyer, 1477.

Un autre moine Augustin, Jean de Hersin, prieur de l’ordre, publia en 1489 une traduction du Saint voyage de Jérusalem par Breydenbach. On doit à Pierre Farget, du même couvent, une traduction du Propriétaire des choses, de Barthélémy de Glanville, et de l’ouvrage de Jacques de Théramo qui a pour titre : Le procès de Bélial à l’encontre de Jésus.

Du commencement du xvie siècle jusqu’au XVIIe, on trouve peu de trace des Augustins dans notre histoire ; à la fin de cette époque, ils demandèrent la division de la province de Bourgogne-Narbonne. À en croire leur curieuse requête à cet égard, les religieux du midi, afin d’exclure plus aisément les Bourguignons des dignités de leur ordre, et se les réserver à eux-mêmes, déportaient ces derniers en masse dans l’exil du sud, au grand dommage de leur estomac peu enclin aux huiles et de leur cerveau étourdi de chaleur, tandis qu’ils introduisaient les Narbonnais, ravis de l’échange, dans les délices du vin généreux et du climat tempéré de Bourgogne. Cette pétition, si fortement étayée de raisons, resta inefficace.

Les Augustins possédaient la plus belle collection de livres et de manuscrits qu’il y eut à Lyon après celle des Jésuites. On lisait sur la porte de leur bibliothèque cette sentence qui avait pour auteur le Père Pierre L’Abbé :

Hic homines vivunt supersiites sibi,
Hic lacent et adsunt,
Hic loquuntur et absunt.

« Ici les hommes se survivent à eux-mêmes, ils se taisent quoique présents ; ils parlent quoique absents. »

L’église, dont quelques inscriptions tumulaires ont été recueillies, renfermait la sépulture de plusieurs illustres familles italiennes établies à Lyon : celle de Jean Pillehotte, fils