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histoire des églises et chapelles de lyon

Coupe de Saint-Vincent, d’après une ancienne gravure.

Ils vécurent isolés jusqu’au xiiie siècle, où ils commencèrent à former des congrégations assez considérables : les plus connues étaient celle des Jean-Bonites, instituée par Jean le Bon de Mantoue en 1168, et celle des Brittiniens, fondée à Brittini dans la Marche d’Ancône. La plupart n’avaient rien de commun, ni pour le régime, ni pour les coutumes, ni pour l’habit : le peuple les confondait souvent avec les frères Mineurs. Enfin, en 1236, pour trancher les contestations relatives à leur existence irrégulière et confuse, le pape Alexandre IV rassembla les congrégations en une seule, sous le nom d’Ermites de Saint-Augustin, et leur donna pour général le Milanais Lanfraric Septala. Le même pape leur imposa pour costume une robe et un scapulaire blancs, avec des manches larges, semblables à celles des moines. Dans le chœur ou lorsqu’ils voyageaient, ils mettaient une sorte de coule noire et pardessus un grand capuce, qui se terminait en rond par devant, et en pointe par derrière jusqu’à la ceinture qui était de cuir noir et très large. De plus, il leur était ordonné de porter de longs bâtons dans leurs pèlerinages, et « que leurs habits ne fussent pas si longs qu’on ne pût voir leurs souliers ». Les constitutions de l’ordre furent dressées en 1287, dans un chapitre général tenu à Florence. Elles furent plusieurs fois modifiées dans les siècles suivants. La première réforme importante, au xive siècle, produisit des congrégations différentes ; au xvie siècle et au commencement du xviie, ce furent de nouvelles réformes dont l’une se répandit promptement en France, sous le nom de Petits-Augustins, dit Petits-Pères, en quelques villes et notamment à Paris, et dont les prétendus observants primitifs se distinguaient soigneusement en s’appelant les Grands-Augustins. Pie V mit les Augustins au nombre des quatre ordres mendiants, encore qu’ils possédassent des rentes et des biens fonds. À la Révolution, ils avaient quarante-deux provinces de toutes réformes, sans parler de la vicairie des Indes et de quelques congrégations récentes. La France à elle seule comptait six provinces : celles de Bourges, de France ou Île-de-France, de Toulouse, de Provence, de Bourgogne et de Narbonne, auxquelles