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histoire des églises et chapelles de lyon

d’hui en partie occupé par la caserne de gendarmerie, des femmes furent outragées et fouettées publiquement. Le maire Vitet, au lieu de sévir, prit prétexte de ces désordres pour faire fermer les chapelles fréquentées par les catholiques.

La maison des Recluses, transformée alors en prison, devint l’une des innombrables bastilles élevées en France par la révolution. De nombreux Lyonnais y furent enfermés et la plupart n’en sortirent que pour monter à l’échafaud ou être fusillés. Un témoin raconte qu’à son entrée aux Recluses, douze cents Lyonnais, dénoncés et arrêtés depuis le siège, en peuplaient l’enceinte, dont les quatre cinquièmes devaient périr, que sur cent prisonniers partis un matin des Recluses à onze heures et conduits à l’hôtel de ville, dix-sept étaient déjà condamnés, livrés au bourreau et exécutés à onze heures et demie, et que, sur une autre fournée de même nombre, il n’échappa à la mort que trois de ses compagnons de captivité. Une nuit, quelques prisonniers des Recluses, trompant la surveillance des geôliers, étaient parvenus à percer un trou dans le mur de la salle où ils étaient enfermés ; mais l’ouverture devenue praticable ne donnait d’issue que dans la chapelle contiguë transformée en magasin national, rempli d’objets d équipement pour les armées et dont toutes les portes étaient fermées. Les fugitifs ayant alors entrepris de s’ouvrir un nouveau passage à travers le mur de la chapelle qui les séparait de la rue, furent entendus au cours de leur travail par le magasinier du dépôt qui donna l’alarme, réintégrés dans leur prison et chargés de chaînes.

La prison des Recluses fut le Théâtre, le 4 mai 1795, lors de la réaction qui se fit à Lyon contre les excès des conventionnels, d’une scène atroce : le peuple ameuté contre les auteurs de tant de crimes qui avaient décimé les familles, poussant des cris de vengeance, força les portes des prisons et massacra les jacobins qui y étaient enfermés ; à la prison des Recluses, quarante-deux de ces malheureux furent mis à mort.

Le Concordat ayant rétabli en France la paix religieuse, de nouvelles paroisses furent délimitées dans la ville de Lyon, en 1803, sous l’administration du cardinal Fesch. C’est de cette époque que date la fondation de la paroisse Saint-François-de-Sales, ainsi dénommée en souvenir de la mort de ce saint évêque survenue le 18 décembre 1622, au couvent de la Visitation de Bellecour. Par arrêté du préfet du Rhône du 8 avril 1803, l’état cédait à la succursale Saint-François-de-Sales le bâtiment des Filles-Pénitentes et l’affectait au logement du desservant et de ses vicaires. En fait, l’église des Filles-Pénitentes était ouverte au culte depuis deux ans déjà : le premier acte de baptême y fut enregistré le 3 août 1802.

En 1807, on éleva la nef de la rue François-Dauphin avec ses tribunes et dans son état actuel, sur l’emplacement agrandi et élargi de l’ancienne chapelle Sainte-Madeleine. Le portail monumental qui donne accès de la rue François-Dauphin dans cette partie de l’église provient du troisième monastère lyonnais de la Visitation, dit Sainte-Marie-des-Chaînes, qui était situé à Serin. La provenance de ce portail peut s’expliquer par ce fait qu’avant la révolution, la direction de la maison des Filles-Pénitentes était confiée aux religieuses de la Visitation de Bellecour. Il porte, au fronton, gravée sur un cartouche suspendu à des guirlandes de fruits, une inscription dont voici la traduction : « Seigneur,