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voulut pas de la réforme de sainte Colette, il appuyait son refus de respectueuses raisons d’opportunité et de circonstances qui ne sont pas à mépriser. Nous le voyons à une lettre collective des sœurs, du 14 janvier 1707. Les signataires, au nombre de vingt-huit, fortifièrent cette lettre d’une traduction du privilège ou induit adressé par Jean XXII à Luce de Baudiner, en 1332, que la copie authentique du cartulaire rapporte incomplètement et inexactement parmi les pièces subsidiaires de fondation et dont voici traduits les passages notables. « Nous avons favorablement écoulé votre supplique contenant que vous aviez autrefois fait construire, à vos dépens, une chapelle ou église au lieu vulgairement appelé de Chazeaux, au diocèse de Lyon, du consentement de l’archevêque diocésain, pour le repos de votre âme, de celles de vos père et mère, de vos parents et que vous aviez obtenu du même archevêque la permission d’y faire célébrer les saints mystères et l’office divin, qu’ensuite étant portée d’un grand attachement pour l’ordre de Sainte-Claire, vous désiriez ardemment faire construire, aux environs de cette chapelle ou église, un monastère dudit ordre : nous vous accordons par noire puissance et autorité apostoliques, la faculté pleine et entière d’édifier ledit monastère avec un cimetière et les lieux réguliers nécessaires. Donné à Avignon, le 2 mars. »

Le monastère des Chazeaux, à Lyon, d’après le plan de Simon Maupin (xviie siècle).

N’empêche que la tempête n’était pas loin. On accusait de différents côtés le couvent de ne pas se contenter de la rente que lui avait donnée à jamais la dame de Cornillon : il produisit l’acte d’enquête du notaire royal et juré de la cour, Jacques de la Vergère, au nom de Pierre de Savoie, archevêque de Lyon, et l’attestation jointe que cette rente suffisait, et celle des états de dépenses inférieures aux recettes depuis ce temps. On ignore l’histoire de la période qui suivit, période de transitions et de difficultés, si l’on en croit l’acte d’une visite du promoteur du diocèse en juillet 1533, où on lit : « Les religieuses ne savent plus à quelle autorité et discipline il faut quelles s’adonnent pour se réparer. »

Comment s’opéra la translation ou la réunion : on ne le sait au juste ; on ne retrouve des fragments des annales de Chazeaux qu’en avril 1576, en une formule de réception dressée par dame Turons de la Garde, après décès de la dame d’Amanzé, par l’archevêque de Lyon Pierre d’Épinac. Dans ce document, le monastère est qualifié de « récemment agrégé au plein ordre de Saint-Benoît », ce qui signifie : au régime de l’archi-abbaye du Mont-Cassin, et le 21 août 1619 enfin « l’abbaye de Chazeaux est transférée à Lyon, tout en conservant ses fonds en Forez, Beaujolais et Velay », dit la lettre renonciatrice et