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furent arrêtées avec les Carmélites qui partageaient leur asile. La mort de Robespierre les délivra : elles revinrent chez M. Saunier dans la pauvre maison de réunion, suivant l’heureux vocable qu’elles avaient adopté et que conserva leur premier acte de vêture daté du 24 avril 1806, et présidé par M. Cholleton, vicaire général de Lyon. Ce fut aussi M. Cholleton qui agréa pour aumônier du monastère représenté de la sorte, l’abbé Ravary, prêtre parisien, dont la modestie égalait la science et le zèle.

Les Clarisses apprirent, dans leur retraite, la canonisation de sainte Colette, leur seconde fondatrice. Il s’était écoulé 336 ans depuis les premières informations de son procès : on était au mois de Mai de l’année 1807 ; le 2 juillet, par la charité de Mme de La Barmondière et d’autres personnes généreuses, elles recouvrèrent les douceurs et les sécurités de la clôture. On leur donna pour monastère l’ancienne maison de l’aumônerie des Visitandines, à l’ouest d’un jardin assez spacieux, rue Sala. Ce jardin était embaumé du souvenir de saint François de Sales qui s’y rendit maintes fois ; le logis exigu et médiocre leur sembla dès lors un palais, le palais de la vie régulière recouvrée ; elles ne cherchèrent pas mieux. L’inondation de 1840 put seule les disperser quelques jours ; ni 1848 ni 1871 ne les remirent sur le chemin de l’exil. Elles n’ont guère ajouté à cette demeure sans doute définitive. Leur seul luxe, et un peu contre leurs scrupules de simplicité franciscaine, a été l’érection de la nouvelle chapelle par l’architecte Claudius Jamot, à la place d’un bâtiment qui faisait partie de l’ancienne résidence des Jésuites et qu’elles acquirent en 1869 ; la chapelle primitive était d’ailleurs lézardée et menaçait ruine ainsi que les vieilles masures de l’aumônerie des Visitandines ; en outre l’alignement de la rue Sala eût, tôt ou tard, nécessité sa destruction. Son plus bel ornement, d’ailleurs, lui a survécu : c’est le grand tableau placé, depuis 1893, au-dessus de la grille du chœur de la nouvelle chapelle et qui représente sainte Claire arrêtant les Sarrasins.


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Ce monastère, comme quelques autres, fut une conquête de saint Benoît sur sainte Claire, ou, à le dire sans métaphore, passa de la règle franciscaine à la règle bénédictine, moitié pour son relâchement, moitié pour sa situation matérielle, qui d’ailleurs avait causé plus qu’à demi son relâchement. On pourrait rappeler dans la même province de Lyon, pareille mésaventure qui advint à une maison du même ordre. On citerait d’ailleurs peu de couvents de Pauvres Dames qui, liées, par des largesses reçues, à des bienfaiteurs même discrets, ont put conserver leur vie propre.

Celui de Chazeaux en Forez ne fit pas exception à cette sévère logique. Il n’avait, non plus que d’autres, dérogé au régime essentiel de la pauvreté, à la non-possession de biens : mais encore s’y ménageait-on pour la subsistance au delà de ce qu’il eût fallu, sans doute, et le mêlait-on aussi à des embarras de délimitations, de procédure,