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d’où l’on avait conclu que les bandelettes recouvraient le corps d’un singe ; mais, comme la taille et les dimensions dépassaient celles des animaux de ce genre, ensevelis dans les mêmes catacombes, on s’était demandé s’il n’y avait pas là quelque étrangeté et par conséquent quelque détermination à faire qui pût intéresser la science.

On fit donc appel aux lumières d’Ét. G. Saint-Hilaire et c’est le résultat de son examen qu’il vint lui-même annoncer dans cette séance.

Aussitôt que les bandelettes enlevées eurent mis à découvert la momie, ce savant reconnut qu’il avait devant lui un être humain et en même temps monstrueux. Le doute n’était pas possible ; il s’agissait bien, en effet, d’une de ces anomalies de l’organisation, qu’il venait d’étudier avec tant de soin et qu’il avait décrite dans plusieurs mémoires sous le nom d’Anencéphales, c’est-à-dire d’êtres privés de cerveau ; une circonstance venait encore éclairer et appuyer cette détermination : en effet, le nez avait été creusé dans le but d’extraire toute la substance cérébrale qui, suivant la pratique ordinaire des embaumements, devait être remplacée par une coulée de bitume ; cette circonstance prouve que l’on ne s’était pas aperçu que le crâne, ouvert à la région supérieure, était vide