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rien dans le principe des cultes hystéro-phalliques qu’on rencontre à la racine des diverses religions : le sensualisme n’est pas l’apanage de celles qui se présentent comme les plus matérialistes, et les plus spiritualistes ne sont guère moins fécondes en lubricités que les cérémonies et les thiases antiques ; elles ont leur inceste spirituel qui prend sa source dans des mobiles sacrés.

La pratique que mentionne Hérodote était loin d’être spéciale au nome de Mendès : elle s’étendait dans toute l’Égypte ; mais lorsqu’il en parle, le moment était venu où elle dégénérait en une prostitution sans frein ; cette désuétude est, d’ailleurs, attestée encore par ce fait que, le rite mendésien n’étant pas public à l’origine, il s’accomplissait dans le silence et l’obscurité de la nuit. Ces mêmes remarques s’appliquent aux sociétés hétéaïriques de l’Asie et à la nation israélite, ainsi qu’il résulte des préceptes que Jéhovah transmet à son prophète, et qui se trouvent énumérés dans la dix-huitième paragraphe du Lévitique : les actes prohibés sont des turpitudes contre nature qui, suivant Baissac, n’ont jamais pu être commises, au nom d’aucun principe, par une nation, si dépravée qu’elle puisse être, et cet auteur ajoute que, si dissolues que fussent les mœurs chananéennes, les crimes de bestialité ne s’y rencontraient que comme des faits exceptionnels, contre lesquels la loi mosaïque avait édicté des peines très sévères[1].

  1. Hist. de la religion, t. I, p. 128.