Page:Martin — Histoire des monstres depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, 1880.pdf/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en Égypte, une chose monstrueuse, τέρας, survint, et fut connue de tout le monde : hircus cum muliere coiit propalam, quod in ostentationem hominum pervenit. Dans les notes de l’édition de 1753, plusieurs auteurs cités rapportent des faits de cette nature[1].

Sans doute Hérodote a sujet d’être scandalisé de tels faits ; mais, en sa qualité d’historien, dont le devoir est de ne pas s’en tenir aux apparences, il eût pu se livrer à quelques recherches sur l’origine et la véritable signification de cette coutume : ce n’était pas un fait isolé ; cette pratique était périodique, et très en honneur dans un grand nombre de localités, et notamment dans la ville de Thmuis[2]. Dans le nome de Mendès, où cet historien se trouvait lorsqu’il fut témoin de ce fait qui le révolte, on entretenait un bouc vivant, et les femmes s’enfermaient avec lui, dans le but d’y accomplir le rite générateur. Ce symbolisme, si grossièrement matérialisé, n’est pas seulement attesté par Hérodote : Strabon[3], Plutarque[4], Clément d’Alexandrie[5] en parlent aussi.

J. Baissac donne[6] les preuves de l’existence de ce culte parmi les Israélites.

Richard P. Knight aperçoit là un fait de théologie

  1. P. Bochartus, p. 1. — Hierozoicus, l. II, p. 53. — Clément d’Alexandrie, Protrept., p. 27.
  2. Ce nom de Thmuis est donné au bouc de Mendès par saint Jérôme : ainsi que le fait remarque J. Baissac (Hist. de la religion, t. II, p. 263), c’est plutôt le nom de la ville, et ce mot signifie la mère.
  3. Liv. VII, § 3.
  4. Gryllus, p. 988 et 989.
  5. Protrept., p. 9.
  6. Histoire de la religion, t. II, p. 263.