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demeure[1]. Ainsi, la combinaison des croyances religieuses et scientifiques de l’Égypte donnerait la clef de ce vaste panthéon peuplé par cette variété infinie de types tératologiques qui, pour les mythologistes, constituent autant de symboles encore si obscurs.

En Grèce, le spiritualisme de Pythagore, qui avait créé entre ce philosophe et Platon une étroite communauté d’idées, n’admettait pas, ainsi que nous l’avons déjà dit, que le dogme de la transmigration s’étendît jusqu’à l’humanité. Lorsqu’une monstruosité se produisait, et qu’elle était soupçonnée d’être la conséquence d’un fait de bestialité, elle n’était pas considérée comme une dérogation aux lois naturelles de la génération, car la doctrine de la fécondité entre espèces différentes était universellement admise. L’histoire du centaure né dans les jardins de Périandre, extraite du Banquet des Sept Sages et rapportée précédemment, en est une preuve incontestable : cette naissance d’un monstre résultait d’un acte que ni la législation ni les mœurs n’atteignaient beaucoup ; mais il y avait la superstition des présages, qui se dressait contre lui ; ce monstre était le signe avant-coureur d’une catastrophe qui allait bientôt éclater, et c’était sur lui qu’en pesait toute la responsabilité : on ne le divinisait pas, on le mettait à mort. Le même sort lui était réservé dans la société romaine, où cette superstition était, au moins autant qu’en Grèce, profondément enracinée. Aux fats qui nous ont amené

  1. Diodore de Sicile.