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Si nous passons maintenant aux nations de l’Occident, nous rencontrons en Grèce, notamment, la même doctrine. Pythagore l’y a-t-il importée de son séjour en Égypte ? Non, elle y existait avait lui ; mais une différence profonde sépare le dogme hellénique des enseignements professés par les sages des bords du Gange et les philosophes de Thèbes et d’Alexandrie ; or, pour Pythagore, les métamorphoses ne franchissent pas les limites de la vie animale ; elles s’arrêtent au seuil de l’humanité.

De ces données, il résulte que dans l’Inde, en Perse et en Égypte, la déification est la conséquence du dogme fondamental de la philosophie religieuse de ces peuples ; de telle sorte que, lorsqu’une femme avait mis au monde un enfant ayant l’aspect d’un monstre, l’imagination, préparée par la conscience d’un phénomène considéré comme naturel, rapprochait aussitôt ce monstre de l’animal dont il reproduisait les traits : il était identifié avec lui ; et si enfin l’animal occupait une place au panthéon des dieux, on donnait cette place au monstre, on la divinisait.

La découverte du cynocéphale d’Hermopolis autorise cette interprétation ; mais celle-ci emprunte un nouvel appui aux idées professées dans les écoles d’Égypte touchent le mode de génération des êtres. D’après ces idées, toutes les espèces animales, y compris l’espèce humaine, sont fécondes entre elles ; en outre, le mâle est le procréateur unique de l’enfant, auquel la mère ne fait que fournir l’aliment et la