les bonnes copies se perdent dans les imprimeries, et il y a, plus qu’on ne le croit, de manuscrits de la seconde moitié du xve et du xvie siècle qui ne sont que de mauvaises copies d’impressions antérieures.
Dans le cas qui nous occupe, le meilleur texte est certainement celui de la première édition donnée chez Bineaut en 1490 ; c’est celui que nous avons suivi. Un des manuscrits ou, pour mieux dire, une des copies manuscrites, — car aucun ne peut prétendre à l’honneur d’émaner directement de l’auteur, quel qu’il soit d’ailleurs, — a donné la vraie leçon de jance (vers 67), qui est l’un des passages où tous les autres manuscrits et toutes les éditions se sont trompés à plaisir ; le ms. de La Haye a donné une jolie strophe de plus ; mais, je le répète, dans le plus grand nombre des cas, c’est le texte de l’édition de Bineaut qui est le meilleur.
Nous avons donné, par conscience, toutes les variantes des manuscrits et toutes celles des éditions que nous avons pu connaître. Les trois quarts sont insignifiantes et même pis ; mais il fallait les relever au moins une fois. Je n’ai pas pu rencontrer d’exemplaire de l’édition de Le Caron ; ce doit être la plus voisine du bon texte de Bineaut, mais, avec l’habitude de la contrefaçon ou de la reproduction, comme on voudra, qui caractérise les premiers temps de l’imprimerie, il n’est pas probable qu’il nous eût donné un meilleur texte que Bineaut ; ce doit être le même, avec quelques fautes en plus. Par les variantes que nous avons relevées on verra à quel degré d’indifférence inintelligente et d’erreur en sont arrivés les éditions et même les manuscrits.